Réactions contrastées à l’annonce de dialogue intermalien

Mohamed Elmaouloud Ramadane, porte-parole du CSP-PSD. © Facebook

 Les réactions des différents acteurs politiques et groupes armés signataires de l’accord de paix au Mali divergent face aux annonces faites par le chef de la transition dans son discours du nouvel an. Quant aux acteurs politiques, beaucoup adhèrent au choix du président, mais d’autres veulent que le flou soit levé sur l’organisation des échéances électorales. En revanche le CSP-PSD rejette le dialogue inter-malien, alors que pour le MSA, ce cadre est la « seule alternative pour retrouver la paix ».

Le président de la transition, Assimi Goita, a fait des annonces pour cette nouvelle année 2024. Parmi ces annonces, l’appropriation nationale du processus de paix et de réconciliation qui donne la possibilité aux maliens de dialoguer directement entre eux. Il a notamment affirmé que les efforts de retour à un ordre constitutionnel ne « faibliront point » en 2024, sans grande précision, dans ses vœux du nouvel an.

Pourtant, Boulan Barro, un cadre du directoire du parti politique Cnid-Faso Yiriwaton, sur les ondes de Studio Tamani, dit avoir apprécié les annonces du chef de l’Etat et cite certains acquis sans occulter les difficultés, « d’abord le départ de toutes les forces étrangères sur notre territoire, la reprise de la ville de Kidal et l’expression de la souveraineté. En ce qui concerne les difficultés, la crise énergétique qui est en train de mettre en mal l’économie malienne ».

Par ailleurs, le parti Yelema espère plus d’éclaircissement sur la tenue de l’élection présidentielle prévue en 2024. Hamidou Doumbia, le secrétaire politique du parti regrette le flou sur la date des échéances, « on dit que les efforts seront consacrés par endroit, on parle de la tenue des réformes, de l’élection, mais ce qui est sûr ce n’est pas une promesse ferme. Alors que les élections devraient se faire au mois de février. On avait parlé de léger report, jusqu’à présent, on ne connaît pas la date. Je pense que sur ces questions, il aurait pu rassurer davantage ».

« Solution » contre « cinéma »   

Quant au dialogue inter-malien prôné par le président Goita dans ses vœux du nouvel an, pour remplacer l’accord de paix, si le Mouvement pour le salut de l’Azawad – MSA, un groupe armé signataire de l’accord et pro-Bamako,  trouve en cela « une solution », le cadre stratégique permanent CSP-PSD, parle en revanche de « cinéma ».

Selon Ilyas Ag Siguidi, porte-parole du MSA, « le dialogue inter-malien, nous pensons que c’est la seule alternative pour retrouver la paix. Les maliens en ont pris conscience qu’aucune entité extérieure ne pourra gérer un problème inter-malien. C’est pourquoi nous pensons que c’est la solution pour sortir de cette crise qui ne fait que trop durer, et qui affecte toutes les populations maliennes, sur les plans économique, sécuritaire et même social. »

Il indique le soutien de son mouvement à ce dialogue, « nous sommes convaincus que ce dialogue est à saluer. Nous allons l’accompagner, pour le bien-être de nos populations sur toute l’étendue du territoire malien. Si les maliens reviennent entre eux à la table des négociations, ils vont discuter facilement et on pourra sortir de cette crise. »

Contrairement au MSA, le CSP-PSD rejette de façon catégorique l’annonce de ce dialogue, « cette annonce ne nous a pas surpris » a déclaré Mohamed El Maouloud Ramadane, l’un des porte-paroles du mouvement rebelle. Selon lui, « pour nous, c’est le synonyme du rejet de l’accord de paix, c’est une manière de déclarer sa caducité. Il y avait un accord qui était signé par toutes les parties, avec une médiation internationale. Nous ne voyons pas comment remplacer cet accord par un processus dit inter-malien. »

Il poursuit son intervention en taclant le dialogue, « ce que cet accord n’a pas trouvé comme solution aux problèmes auxquels nous sommes confrontés, ce n’est pas un cinéma organisé en interne qui va le résoudre. Depuis le début des hostilités contre nos positions, nous avons bien compris que les autorités maliennes en ont fini avec cet accord. Donc nous prenons acte de cela, mais nous ne sommes prêts à prendre part à aucune opération dite de paix en interne. Nous sommes actuellement en guerre contre ces autorités de transition. Nous ne participerons jamais à ce dialogue. »

Mohamed Camara / Malikonews.com

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