AES : une rupture avec la CEDEAO pour une souveraineté pleine et entière

AES : une rupture avec la CEDEAO pour une souveraineté pleine et entière. © Présidence du Mali

Ce 28 janvier 2025 marque officiellement la sortie de l’Alliance des États du Sahel (AES), composée du Burkina Faso, du Mali et du Niger, de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ouvrant une ère nouvelle pour ces trois pays.

C’est acté ! Le départ de l’AES de la CEDEAO n’est plus une utopie, mais un choix délibéré et mûrement réfléchi des trois pays à travers leurs présidents : Ibrahim Traoré du Burkina Faso, Assimi Goïta du Mali et Abdourahamane Tiani du Niger, avec le soutien de leurs peuples. Ce 28 janvier 2025 marque officiellement la fin du préavis d’un an prévu par le traité de la CEDEAO et par conséquent, le retrait définitif des trois pays de cette organisation.

Pour les observateurs avertis, cette décision ne constitue aucunement une surprise. Les dirigeants concernés ont toujours affirmé son caractère irrévocable. À cette étape, l’histoire de ces deux organisations s’écrit avec une encre indélébile et restera gravée à jamais en lettre d’or dans les annales de l’Afrique et de la planète.

Ces trois pays tournent résolument le dos à une CEDEAO qui, en cinquante années d’existence, n’a pas su incarner une organisation défendant les intérêts de ses peuples. Au contraire, elle s’est révélée être un syndicat des chefs d’État, soutenant un système étranger aux peuples africains qui sert d’instrument de domination, d’exploitation et de pillage des ressources de l’Afrique.

Ni le spectre du chaos et des désastres agités comme un épouvantail par des experts mentalement et intellectuellement aliénés, totalement aux intérêts occidentaux, ni les complots à ciel ouvert, ni les menaces n’ont réussi à infléchir la position de l’AES. Ces pressions ont plutôt renforcé la détermination des peuples des trois pays à quitter une CEDEAO largement instrumentalisée par l’impérialisme à travers son représentant désigné qu’est Paris pour ses propres intérêts.

Le temps supplémentaire de six mois accordés pour un éventuel retour à la table des négociations a plutôt confirmé la justesse de leur décision. En regardant dans le rétroviseur, les conséquences annoncées comme catastrophiques se révèlent avoir été largement exagérées face aux bénéfices engrangés. Si ces prédictions étaient fondées, pourquoi autant de médiations, de prorogations du préavis et de complots non déguisés ? Les faits auraient dû suffire à ramener les États à la raison.

Les scénarios alarmistes prédits, notamment l’effondrement des économies, l’inflation exponentielle, les révoltes populaires n’ont été que des mirages. Et ce, malgré les sanctions inhumaines et les restrictions imposées par la CEDEAO. La résilience réussie des peuples de l’AES montre à souhait leur capacité et leur volonté à consentir le sacrifice nécessaire pour la conquête de leur souveraineté.

L’accompagnement attendu de la CEDEAO pour les pays confrontés au terrorisme n’a jamais été effectif, alors qu’elle était prompte à envoyer une force en attente pour bombarder le Niger et rétablir au pouvoir le valet attitré de leur maître.  Au contraire, cette organisation s’est révélée être un obstacle, voire une menace, face à des dirigeants engagés dans la défense de leurs territoires et les intérêts de leurs peuples.

Les résultats parlent d’eux-mêmes : Burkina Faso contrôle plus de 70 % du territoire, contre seulement 30 % auparavant ; le Mali a repris de Kidal, autrefois bastion du terrorisme au Mali et plus largement au Sahel ; le Niger a un meilleur contrôle du territoire national.

Sur le plan économique, la dénonciation des accords de coopération néocoloniaux dans des domaines stratégiques comme la défense, l’économie et la diplomatie a permis de diversifier les partenariats, d’acquérir des équipements militaires adaptés et de tirer pleinement profit des ressources nationales.

Quant à la libre circulation des personnes et des biens, utilisée comme argument de pression, elle fonctionnait déjà mal avant. Les tracasseries routières étaient monnaie courante malgré la prétendue intégration régionale. Pourquoi craindre de perdre ce qui n’a jamais été pleinement acquis ? D’ailleurs, la Mauritanie, sortie de la CEDEAO en 2000, n’a pas connu de difficultés majeures supplémentaires liées à ce retrait. Si elle s’en est sortie seule, que dire donc de trois pays unis et déterminés à se développer ?

Chacun assumant ses choix, l’AES reste désormais concentrée sur ses objectifs, articulés autour de trois axes : définir une politique diplomatique indépendante, bâtir un système de défense autonome et réaliser les investissements structurants pour leur développement, afin de garantir la satisfaction des aspirations légitimes des peuples et d’atteindre une souveraineté totale.

Au demeurant, les populations doivent rester en alerte et s’attendre à tout, y compris au sacrifice ultime, car la lutte sera ardue. En effet ni la souveraineté ni la liberté ne s’obtiennent sur un plateau d’argent. Les pays qui se sont véritablement affranchis du joug de leurs colonisateurs sont passés par des périodes critiques. L’Algérie et l’Afrique du Sud en sont des exemples éloquents. L’histoire des luttes pour la libération s’écrit souvent avec du sang et de la sueur.

Le harcèlement des terroristes n’est pas fortuit. Tout le système international sera mobilisé pour freiner cette dynamique et provoquer la révolte des populations. Cependant, si chacun s’engage à accompagner cette marche déjà enclenchée, les objectifs pourront être atteints.

La lutte sera de longue haleine, peut-être générationnelle, et chacun devra jouer sa partition, y compris la classe dite intellectuelle, qui est appelée à s’affranchir, à s’affirmer et à définir une orientation claire. Refuser de prendre position, comme c’est le cas pour beaucoup d’entre eux en ce moment, est déjà une forme de position car il n’y a pas de neutralité qui tienne !

En tout état de cause, les organisations de la société civile et les jeunes mobilisés pour la souveraineté donnent le ton.

Un peuple déterminé et uni derrière un leadership éclairé et affirmé est toujours plus fort qu’un système qui lui est étranger. L’histoire est en marche.

Agence d’information du Burkina

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