Le parti au pouvoir au Sénégal a remporté plus des trois quarts des sièges de députés aux législatives de dimanche, selon les résultats nationaux provisoires qui confirment son raz-de-marée électoral.
Le Pastef, au pouvoir depuis la présidentielle de mars, a gagné 130 des 165 mandats en jeu et obtient ainsi l’écrasante majorité qu’il réclamait pour pouvoir appliquer son agenda de rupture et de justice sociale, selon un décompte de l’AFP établi jeudi à partir de chiffres communiqués par la commission nationale de recensement des votes.
C’est l’une des majorités les plus massives en nombre de sièges jamais obtenues par un seul parti aux législatives. Le Parti socialiste avait gagné 103 mandats sur 120 en 1988 sous Abdou Diouf. Des majorités plus fortes ont émergé des élections parlementaires comme en 2012, mais via des coalitions.
L’opposition est laminée: la coalition de l’ancien président Macky Sall se contente de 16 sièges, celle de l’ancien Premier ministre Amadou Ba de sept, celle du maire de Dakar Barthélémy Dias de trois, selon les résultats provisoires.
Ces chiffres seront définitifs une fois proclamés par le Conseil constitutionnel, qui pourra le faire sous cinq jours s’il n’y a pas de contestation, selon deux officiels électoraux.
Les chiffres de la commission nationale compilent au niveau national les résultats rendus publics au niveau des départements mardi, et qui reflétaient déjà le triomphe du Pastef.
Le président et tête de liste du parti, le Premier ministre Ousmane Sonko, a parlé de « plébiscite renouvelé » qui prolonge et amplifie la victoire de son second Bassirou Diomaye Faye à la présidentielle de mars, indique le compte rendu du Conseil des ministres de mercredi.
La large majorité absolue du Pastef devrait favoriser la mise en oeuvre par l’exécutif du projet qui l’a porté au pouvoir il y a huit mois.
– Aspiration au changement –
L’exécutif, qui se revendique d’un « panafricanisme de gauche », entend mener « une transformation systémique cohérente et pragmatique du Sénégal », a dit le président Faye en Conseil des ministres.
Il a affirmé la nécessité de traiter les « urgences économiques et sociales » comme la cherté de la vie et le chômage, tout en relançant l’économie, « notamment dans les secteurs moteurs de l’agriculture, de l’élevage, du tourisme, des mines et des hydrocarbures ».
Le coût de la vie est une préoccupation majeure des Sénégalais, comme le chômage, qui dépasse les 20%. Les nouveaux gouvernants sont à leur tour confrontés à la vague de ces centaines de compatriotes qui partent chaque mois en pirogue chercher un avenir meilleur en Europe.
Les comptes publics sont dans le rouge et le Fonds monétaire international vient de suspendre un programme d’aide au pays. Deux agences d’évaluation ont revu défavorablement la note souveraine ou la perspective du Sénégal. Différents projets sont bloqués et le privé attend le paiement des créances de l’Etat.
Après trois années de crise économique et politique, Bassirou Diomaye Faye a été élu dès le premier tour de la présidentielle en mars, porté par l’aspiration au changement d’une population dont la moitié a moins de 19 ans.
Lui et le Premier ministre Sonko, son mentor qui aurait été à sa place si sa candidature n’avait été invalidée, ont mené pendant des mois une cohabitation conflictuelle avec une Assemblée issue des législatives de 2022 et toujours dominée par l’ancienne majorité.
Le président l’a dissoute en septembre.
Des Sénégalais interrogés par l’AFP ont indiqué qu’ils attendaient à présent que leurs gouvernants allient les actes à la parole.
Avec AFP