Sénégal : le FMI espère « le plus tôt possible » un nouveau programme d’aides

Le chef de la mission du FMI au Sénégal, Edward Gemayel. © DR

Le Fonds monétaire international souhaite arriver « le plus tôt possible » à un nouveau programme d’aides pour le Sénégal, a déclaré lundi un de ses responsables en visite dans le pays, en encourageant les autorités à poursuivre « l’assainissement des finances publiques ».

« Ce que nous recommandons, c’est de prioriser les dépenses actuelles, en espérant pouvoir arriver à un nouveau programme avec le FMI le plus tôt possible qui pourra permettre de débloquer des financements », a déclaré le chef de cette mission du FMI, Edward Gemayel, dans un entretien à l’AFP à Dakar.

Le programme d’aides du FMI au Sénégal, d’un montant de 1,8 milliard d’euros, est suspendu depuis que les nouvelles autorités, arrivées au pouvoir il y a un an, ont révélé en septembre des erreurs dans les chiffres officiels des finances publiques sous l’ex-président Macky Sall (2012-2014).

Le FMI préconise « deux grandes réformes »: d’une part « l’assainissement des finances publiques, à cause de la dette qui atteint des taux assez élevés », et d’autre part que les autorités enclenchent « leur nouveau programme pour attirer des investissements, qui vont beaucoup aider », a poursuivi M. Gemayel.

En octobre dernier, le gouvernement sénégalais a présenté son programme politique et économique sur 25 ans, baptisé « Sénégal 2050: agenda national de transformation », qui prévoit notamment des réformes structurelles visant à rendre le cadre des affaires plus attractif, notamment pour les investisseurs locaux et étrangers.

« Il y a un rôle très important pour le secteur public à jouer au Sénégal. Il y a beaucoup d’opportunités d’investissement », a poursuivi M. Gemayel, se voulant rassurant sur l’image du Sénégal auprès des investisseurs.

Dans un rapport publié en février, la Cour des comptes du pays a révélé que la dette s’élève à 99,67% du PIB, un taux supérieur au montant annoncé par le précédent régime.

Le déficit budgétaire « recalculé » par la Cour pour 2023 est par exemple de 12,3%, contre 4,9% annoncé auparavant.

A la suite de la publication du rapport, les agences de notation Moody’s et Standard and Poor’s ont dégradé la note souveraine du Sénégal avec une « perspective négative ».

« Le but de cette visite ici, c’est d’analyser le rapport que la Cour des Comptes a produit » et « essayer de bien comprendre ce qui s’est passé », a expliqué M. Gemayel.

Une fois le rapport examiné, « on pourra recommencer les discussions en ce qui concerne les relations financières avec le FMI. Les autorités ont émis leur souhait d’annuler le programme actuel et de négocier un nouveau programme », selon M. Gemayel.

Elu il y a un an sur un programme de rupture avec grand soutien populaire, le président Bassirou Diomaye Faye doit composer avec un « État dont les marges de manoeuvre budgétaire et financière n’existent quasiment plus », a-t-il souligné.

Le gouvernement a annoncé une série de mesures pour diminuer le train de vie de l’Etat, dont de nombreux licenciements dans la fonction publique.

Ces mesures vont « dans le bon sens » selon le chef de la mission du FMI qui salue les autorités « déterminées à prendre les réformes nécessaires et adéquates ».

M. Gemayel a également préconisé des économies sur les « exonérations » accordées par le gouvernement sénégalais à des entreprises, dont certaines sont selon lui « caduques » ou n’ont pas lieu d’être.

« De ce point de vue, il y a beaucoup d’économies qui peuvent être générées au niveau des exonérations qui sont estimées à plus de 7-8% du PIB », a-t-il déclaré.

Il a aussi préconisé de se pencher sur la question des investissements. « Il y a beaucoup d’investissements qui ont été faits dans le passé où il serait mieux de revoir un peu s’il y a une priorité ou non; là, bien sûr, il y a des économies qui peuvent être faites ».

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