Des députés de l’opposition sénégalaise ont déposé devant le Conseil constitutionnel un recours visant à annuler la loi révisant l’amnistie votée sous l’ex-président Macky Sall, a appris l’AFP mercredi.
Cette loi d’amnistie avait été adoptée en mars 2024, dans les dernières semaines de la présidence de Macky Sall (2012-2024), afin d’apaiser les années de tensions politiques entre 2021 et 2024, lors desquelles des dizaines de personnes ont été tuées et des centaines d’opposants arrêtés, dont les actuels président Bassirou Diomaye Faye et Premier ministre Ousmane Sonko.
La semaine dernière, l’Assemblée nationale dominée par le nouveau régime a approuvé une loi révisant celle de mars 2024, une initiative très critiquée par la nouvelle opposition.
Selon le nouveau texte, les meurtres, assassinats, crimes de torture et actes de barbarie sont désormais exclus du champ d’application de la loi, « quelle qu’en soit leur motivation et indifféremment de leurs auteurs ».
Ce texte ouvre la voie notamment à des poursuites contre des hauts responsables de l’ancien régime concernant ces évènements.
Au total, 23 députés de l’opposition ont signé le recours pour « inconstitutionnalité » déposé mardi auprès du Conseil constitutionnel, selon la lettre de notification consultée par l’AFP.
Au moins 65 personnes ont été tuées – dont 51 par balles, en grande majorité des jeunes – lors des violences politiques au Sénégal entre mars 2021 et février 2024, selon le bilan établi par un collectif réunissant des journalistes et scientifiques. Nombre de jeunes ont aussi été blessés ou détenus dans des conditions traumatisantes.
Des responsables parmi les nouvelles autorités avancent un nombre de morts plus élevé, jusqu’à plus de 80.
Lors d’un entretien vendredi avec la presse nationale, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a « juré » de faire appliquer, dès sa promulgation, la nouvelle loi, jugeant que « ne pas faire la lumière sur cette histoire serait un précédent mortifère » pour le pays.
Avec AFP