Retrait du Mali de la CEDEAO : le gouvernement tente de rassurer le secteur privé

Retrait de la CEDEAO, le gouvernement tente de rassurer le secteur privé. Crédit photo Primature du Mali

Le chef du gouvernement, le Dr. Choguel Kokalla Maïga a rencontré le secteur privé malien, hier mercredi 31 janvier à Bamako. Objectif, informer de vive voix, les patrons, de la décision prise par les chefs d’Etat de l’AES de se retirer de la CEDEAO. Devant toute la crème du secteur privé, le premier ministre a rassuré les opérateurs de la mise en place d’un comité de haut niveau pour exploiter ce retrait en opportunité. De son côté, le monde des affaires dit avoir pris acte de cette décision.

Face aux professionnels du secteur privé, le premier ministre a tenté, pendant plus d’une heure d’horloge, de défendre la décision du retrait du pays de la CEDEAO. Le ton était, certes, ferme mais il était rassurant. Le chef du gouvernement a martelé que ‘’la CEDEAO est utilisée pour détruire nos Etats’’. Il persiste et signe que ‘’le gouvernement est prêt, mobilisé et a son plan d’action pour exploiter ce retrait en opportunité de développement, de croissance économique, de paix et de réaffirmation de la souveraineté nationale’’.

Choguel Maiga a insisté que ce retrait dépasse le simple effet d’annonce. Pour donner corps à cette décision, les autorités comptent sur le monde des affaires, car, affirme, M. Maiga, ‘’on est lié de façon économique. A ce niveau nous comptons sur vous les opérateurs économiques, sur votre ingéniosité’’. Il met les patrons au défi et avant d’assurer que les statistiques ont été économiquement étudiées, ‘’ce que nous perdons en acceptant cette vassalisation est mille fois pire que ce que nous allons assumer en restant nous-mêmes’’.

Sans langue de bois, le chef du gouvernement a reconnu que la réussite de cette décision repose sur les épaules du secteur privé. Il a ensuite rassuré que ‘’les trois pays restent membres de l’UEMOA, pour le moment, ils bénéficient de la liberté de circulation au sein des pays de l’espace. L’accès à la mer reste valable à travers nos pays frères. La sortie de la CEDEAO permettra au Mali de définir des politiques commerciales, optimales et plus avantageuses, d’avoir la liberté de prendre certaines décisions politiques et économiques’’. Pour le locataire de la primature, ‘’le gouvernement prend la pleine mesure de la situation et des préoccupations des opérateurs économiques face à la décision du retrait de la CEDEAO’’.

Le secteur privé prend acte de cette décision

De son côté, le secteur privé semble être préoccupé. Il n’y adhère pas tout de suite. Il prend acte, ‘’ le secteur privé en tant que l’acteur majeur de l’économie malienne prend acte de cette décision politique et présume que nos décideurs politiques ont déjà bien analyser les enjeux, les conséquences économiques et les avantages que notre pays et sa population pourraient en tirer’’, a annoncé, Mossadeck Bally, président du conseil national du patronat du Mali. Le patron des patrons estime que leurs préoccupations et suggestions feront l’objet d’un examen patient et minutieux. Selon lui, le CNPM avec les autres faîtières du secteur privé, examinerons et analyserons avec professionnalisme et attention les conséquences de cette décision et comptent communiquer les conclusions au gouvernement dans un bref délai.

Ce qui est reproché à la CEDEAO

Selon le premier ministre, ‘’la CEDEAO a brillé par son manque d’empathie, de solidarité et de vision stratégique, face à nos trois Etats regroupés au sein de l’AES. Pas meilleure manière d’aider nos ennemis que ce que la CEDEAO est en train de faire, nous imposer des sanctions’’. Le chef du gouvernement va plus loin pour justifier le retrait de l’organisation sous-régionale. Il estime que ‘’la CEDEAO est devenue une menace pour nos pays. Pour satisfaire les intérêts des puissances étrangères, elle provoque l’effondrement de nos Etats’’. Dans son discours, le patron de l’administration malienne, a décrié et dénoncé ce qu’il qualifie d’actes ‘’inamicaux, d’arrachements, illégaux, injustes et illégitimes’’.

’la CEDEAO sanctionne sans limite plus qu’elle aide les Etats. Elle est éloignée des intérêts de nos pays. En réalité, elle avait décidé d’utiliser les sanctions contre le Niger pour organiser une cabale diplomatico-militaire pour déstabiliser le Niger, ensuite le Burkina Faso et le Mali’’, a affirmé Choguel Maiga. Il déclare avoir été poussé à la sortie, ‘’ on nous a obligé. Nous n’avions pas le choix’’, a-t-il déploré.

Rappelons que les trois pays de l’AES ont annoncé le dimanche 28 janvier, leur retrait de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest créée en 1975 pour faciliter l’intégration économique entre 15 pays de la sous-région.

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