« Aucune discussion ou négociation n’a eu lieu à ce jour et la décision prise par le Sénégal découle de sa seule volonté, en tant que pays libre, indépendant et souverain », a dit M. Sonko, dont le pays a annoncé ces dernières semaines la fin en 2025 de toute présence militaire française et étrangère sur le sol national.
« Nous avons proposé aux chefs d’Etat africains de réorganiser notre présence. Comme on est très polis, on leur a laissé la primauté de l’annonce », a déclaré M. Macron lundi lors de la conférence des ambassadeurs et ambassadrices en évoquant le retrait militaire français, généralement forcé, d’un certain nombre de pays africains ces dernières années.
M. Sonko, grand pourfendeur de la présence française dans son pays avant son accession au pouvoir en 2024, a aussi apporté un contredit cinglant aux déclarations de M. Macron fustigeant « l’ingratitude » de dirigeants africains qui ne seraient plus à la tête de pays souverains sans le déploiement de l’armée française.
« La France n’a ni la capacité ni la légitimité pour assurer à l’Afrique sa sécurité et sa souveraineté. Bien au contraire, elle a souvent contribué à déstabiliser certains pays africains comme la Libye avec des conséquences désastreuses notées sur la stabilité et la sécurité du Sahel », a répliqué M. Sonko.
Le Sénégal est resté après l’indépendance l’un des alliés africains les plus sûrs de l’ancienne puissance coloniale dominante en Afrique de l’Ouest. Mais les nouveaux dirigeants arrivés au pouvoir à Dakar en 2024 avec un agenda de rupture ont promis de traiter désormais la France à l’égal des autres partenaires étrangers au nom d’une souveraineté recouvrée.
Cette nouvelle approche s’est manifestée en décembre lors des commémorations du massacre de tirailleurs sénégalais par les forces coloniales françaises en 1944.
M. Sonko a publié une photo de tirailleurs à l’appui de son propos lundi. Il juge bon de « rappeler au président Macron que si les soldats africains, quelquefois mobilisés de force, maltraités et finalement trahis, ne s’étaient pas déployés lors la Deuxième Guerre mondiale pour défendre la France, celle-ci serait, peut être aujourd’hui encore, allemande ».
M. Sonko, chantre d’un souverainisme et panafricanisme social, s’en était durement pris en mai à la présidence Macron qu’il avait accusée d’avoir incité à la « persécution » lors de la répression contre son camp sous l’ancien pouvoir sénégalais. C’était à l’occasion d’une visite de l’opposant de gauche radicale française Jean-Luc Mélenchon, virulent contempteur du président français.
Avec AFP