Après neuf mois d’arrêt, le complexe minier de Loulo-Gounkoto redémarre ses activités dans un climat toujours sous tension entre Bamako et la société canadienne Barrick Gold.
La mine d’or de Loulo-Gounkoto, l’un des piliers de l’exploitation aurifère au Mali, a officiellement repris ses opérations, ont confirmé plusieurs sources proches du dossier. Cette relance intervient après plus de neuf mois de suspension, une période marquée par une détérioration notable des relations entre l’État malien et le géant canadien Barrick Gold, exploitant historique du site.
Situé dans la région de Kayes, dans l’ouest du pays, ce complexe aurifère constituait jusqu’à récemment l’un des plus importants contributeurs à la production nationale d’or. Sa fermeture en janvier dernier avait provoqué un ralentissement économique local, une incertitude pour les sous-traitants, et la suspension des paiements liés à la chaîne d’approvisionnement.
La réouverture du site s’accompagne d’un redémarrage progressif des paiements envers les prestataires locaux, une mesure jugée cruciale pour apaiser les tensions sociales et soutenir les activités économiques dans la région.
Cette reprise s’inscrit dans un contexte de bras de fer prolongé entre Barrick Gold et le gouvernement malien. L’État avait durci le ton en début d’année, bloquant les exportations d’or du groupe, saisissant certains stocks et allant jusqu’à interpeller plusieurs responsables de l’entreprise. En réaction, les activités avaient été stoppées, exacerbant les inquiétudes autour de l’avenir du site.
Fin septembre, les autorités maliennes ont nommé un administrateur provisoire, l’ancien ministre Soumana Makadji, pour assurer une gestion temporaire de la mine, une décision qui a précédé de peu l’annonce de la reprise. Bamako entend ainsi reprendre la main sur les opérations minières stratégiques, tout en veillant à maintenir la production.
Pour le gouvernement, cette relance est avant tout une mesure pragmatique. Elle vise à garantir le versement des salaires aux milliers d’employés directement ou indirectement liés au site, à sécuriser les recettes fiscales et à envoyer un signal de stabilité aux partenaires économiques.
En toile de fond, la situation illustre les tensions croissantes entre plusieurs pays africains et les multinationales minières, autour du contrôle des ressources naturelles et de leur juste répartition. Si la mine de Loulo-Gounkoto reprend du service, les questions liées à sa gouvernance future, aux litiges juridiques encore en suspens et à la souveraineté économique du Mali restent entières.
Un redémarrage sous surveillance
Alors que la production redémarre, les observateurs s’interrogent sur les conditions techniques et humaines de cette relance. Aucun détail officiel n’a encore été fourni sur l’avenir de la gestion du site, ni sur l’éventuelle implication future de Barrick Gold.
En attendant, les regards restent tournés vers Loulo-Gounkoto, symbole d’un secteur aurifère à la croisée des chemins au Mali.
MalikoNews