Retrait de la Minusma au Mali : des points de divergence entre l’armée et les casques bleus

Retrait de la Minusma au Mali, des points de divergence entre l’armée et les casques bleus. Crédit photo : Minusma

Le processus de départ de la mission onusienne au Mali, est entamé depuis le début juillet passé. Entre juillet jusqu’à la fin d’octobre, 8 bases militaires ont été rétrocédées par les casques bleus, alors que les autorités militaires maliennes estiment n’avoir réceptionnées que 6. La Minusma a évoqué des raisons sécuritaires pour précipiter son départ d’Aguelhok et Kidal, des zones stratégiques du conflit malien.

Il ne reste plus que 4 emprises occupées par les casques bleus, dont le bouclage des transferts est prévu pour la mi-décembre prochain. Il s’agit des camps d’Ansongo, de Bamako, de Gao et de Mopti, pour la phase finale des rétrocessions, conformément aux dispositions de la résolution 2690 du conseil de sécurité des nations-unies, décrétée le 30 juin dernier.

Pour sa traditionnelle rencontre mensuelle avec les journalistes sur l’actualité des forces armées maliennes, le patron de la Direction de l’Information et de la relation publique des armées-Dirpa, le colonel Souleymane Dembélé, est revenu sur les deux phases écoulées des rétrocessions.

Selon lui, la première étape des transferts des emprises occupées par les troupes onusiennes s’est passée dans des bonnes conditions.

« Pour rappel, la première phase du désengagement de la Minusma a commencé le 1er juillet et s’est achevé le 30 aout 2023 » martèle le chef de la Dirpa.

Concernant les emprises situées au centre et nord du pays, notamment celle d’Ogossagou, rétrocédé le 04 aout, Ber et Goundam, le 12 aout, enfin celle de Ménaka, le 25 aout dernier, leurs rétrocessions marquent la fin de cette étape.

En outre, les points de divergences ont commencé à germer à travers la deuxième étape des rétrocessions. Au total 4 emprises (Douentza, Tessalit, Aguelhok et Kidal) devraient être restituées par la force des nations-unies. Les emprises de Douentza et Tessalit ont été rétrocédées le 21 octobre dernier, sans incident. Mais, les autorités militaires maliennes affirment n’avoir pas été associé aux rétrocessions des camps d’Aguelhok et de Kidal, libérés par la Minusma, successivement le 23 et 31 octobre. Ces deux zones qui sont les fiefs traditionnels des mouvements armés Touarègs, Aguelhok et Kidal sont occupés par les combattants de CSP-PSD (Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement), suite au départ jugé unilatéral par Bamako.

« Il est à noter que 2 de ces emprises (Aguelhok et Kidal) n’ont pas été rétrocédées comme convenu aux Famas » a précisé le colonel Dembélé lors de la conférence de presse de ce jeudi 02 novembre passé.

Des risques d’insécurité sur les personnels de la Minusma  

Dès ses départs d’Aguelhok et Kidal, la mission onusienne a rendu publique des notes d’informations sur ses retraits dans ces deux bastions stratégiques du conflit malien. Dans ces communiqués, la mission a evoqué une multiplication des violences entre les différents protagonistes (Famas, Csp-psd, et Groupes armés terroristes), donc pour des raisons de sécurité alléguées de ses personnels, elle a été contrainte de quitter ces deux camps au nord du pays. Elle a indiqué, aussi, avoir des difficultés de recevoir les autorisations de vol et déplacements de certains de ses camions de transports bloqués à Gao, et des engins explosifs qui ont créé des dégâts matériels dans ses convois.

Une déclaration qui a fait réagir, le patron de la Dirpa, qui s’est étonné qu’une « force censée instaurer la sécurité dans les zones menacées du pays puisse, après 9 ans de présence, s’inquiéter de menaces sur ses personnels, en oubliant les maliens vivant dans ces zones ».

Moussa Ag Acharatoumane, secrétaire Général du Mouvement pour le salut de l’Azawad, un groupe armé pro-gouvernemental, signataire de l’Accord de paix issu du processus d’Alger, a réagi sur la chaine francophone Tv5, ce mercredi 1er novembre. Il dit avoir regretté le départ précipité de la Minusma de Kidal et appelle les parties à privilégier le dialogue.

D’autres réactions sont venues de plusieurs côtés, c’est le cas notamment du Mouvement « Yerewolo, debout sur les remparts », un soutien du gouvernement malien, se dit avoir appris « sans surprise » à travers les réseaux sociaux « l’abandon par la Minusma de son emprise de Kidal aux mains des terroristes ».

Les troupes onusiennes quitteront officiellement le territoire malien à partir du 31 décembre prochain.

Mohamed Camara / Malikonews

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