Le gouvernement a annoncé la décision de suspension des activités de l’association pour la consolidation de la paix, le développement, la protection et la promotion des humains – TEMEDT, le 4 octobre dernier, dans une lettre circulaire adressée aux gouverneurs des régions.
Le ministère de l’administration territoriale a indiqué que Temedt a procédé “au lancement de certains projets sans solliciter l’avis de non objection du ministère en charge de l’administration territoriale” conformément aux dispositions de l’instruction du 15 novembre 2015. Une réglementation qui est relative au dispositif commun de coordination, de suivi et de contrôle des associations ONG et des fondations sur le territoire malien.
“Ces agissements constituent une violation des dispositions de l’instruction susmentionnée”, a expliqué le département dans sa lettre circulaire.
En conséquence, le ministère a ordonné de “suspendre avec effet immédiat” toutes les activités de l’association Temedt, sur toute l’étendue du territoire national, “pour violation des dispositions de la loi relative aux associations”
L’agence d’information Apanews, a de son côté rapporté, ce mardi 15 octobre que «TEMEDT aurait omis de solliciter une autorisation préalable des autorités compétentes avant de démarrer ses récentes initiatives, en violation des instructions en vigueur. »
La création de TEMEDT
Depuis sa création en 2006, l’association Temedt s’est imposé comme une organisation pionnière dans le combat contre l’esclavage par asendance. Elle œuvre notamment pour la réinsertion sociale des personnes victimes de ce système, tout en sensibilisant à la fois les victimes et les communautés pratiquant encore ces formes d’exploitation. Des projets d’accompagnement des victimes ont permis à de nombreuses familles de retrouver leur dignité en obtenant un accès à l’éducation, à la santé et à des moyens de subsistance dans des zones comme Kayes et Bamako.
Le cheval de bataille des responsables de l’association était ces dernières années l’adoption de l’avant-projet de loi de lutte contre l’esclavage, qui selon eux, est « le seul moyen pour mettre fin à cette pratique»
A en croire certains observateurs, « l’organisation a également joué un rôle déterminant dans la mise en lumière de la réalité de l’esclavage au Mali. Ses actions de plaidoyer ont conduit à plusieurs avancées juridiques, notamment l’ouverture de procès pour des cas d’esclavage en 2023, après plus d’une décennie de tabous sur le sujet. » En février 2023, des peines sévères ont été prononcées contre des individus impliqués dans ces pratiques.
Cette suspension a notamment suscité des réactions mitigées. Alors que les autorités insistent sur le respect des procédures, certains acteurs de la société civile y voient une tentative de limiter la capacité des associations critiques vis-à-vis de la gestion gouvernementale actuelle. Dans un contexte où plusieurs organisations politiques et civiles ont récemment été dissoutes ou suspendues, cette décision est perçue par beaucoup comme une nouvelle attaque contre la liberté d’association au Mali.
Avant l’adoption de l’avant-projet de loi de lutte contre l’esclavage, l’association Temedt continuait de mener des actions de plaidoyer et de sensibilisation dans 15 communes des régions de Kayes et de Nioro du Sahel pour informer les populations sur les questions liées aux droits et à la transformation sociale.
Mohamed Camara / Malikonews.com