Mali : la phase de liquidation de la mission onusienne déjà en discussion

Atul KHARE, Secrétaire Général Adjoint chargé de l’appui opérationnel des Nations Unies. Photo ministère des affaires étrangères

La phase de liquidation de la mission onusienne est déjà en discussion entre les parties malienne et onusienne. Alors que la Minusma a d’ores et déjà rétrocédé 10 de ses emprises sur 13 aux autorités maliennes, au cours du processus de son retrait souhaité par Bamako, fin juin. A deux semaines de son départ officiel sur le sol malien, le chef de la diplomatie malienne a eu une séance d’évaluation du processus de retrait des casques bleus avec Atul Khare, secrétaire général adjoint chargé de l’appui opérationnel des Nations unies, en visite au Mali, ce jeudi 14 décembre. Les deux parties ont également formulé des recommandations sur la phase de liquidation qui commencera le 1er janvier 2024. 

Après 10 ans de présence au Mali, la mission de l’ONU a fait descendre le drapeau des Nations-Unies dans son quartier général de Bamako, ce 11 décembre, ce qui met symboliquement fin à son déploiement dans le pays. A la demande des autorités maliennes, le Conseil de sécurité de l’ONU a acté le retrait de la Minusma par la résolution 2690 du 30 juin 2023. De juillet à maintenant, les casques bleus ont transféré 10 camps sur 13 à l’Etat malien, un processus de retrait émaillé de divergence et d’incompréhension entre Bamako et les Nations-Unies, notamment illustré par le départ précipité de la mission de Kidal et d’Aguelhok.

Durant ses 10 ans de présence, la mission a perdu plus de 300 soldats de la paix au Mali, notamment dans des embuscades et actes hostiles des terroristes, environ 700 blessés. Elle est considérée par les observateurs comme la mission la plus meurtrière au monde.

Rencontre bilatérale sur l’évaluation retrait de la Minusma

A deux semaines de la fin du retrait de la MINUSMA, cette rencontre était un cadre d’évaluation et d’échanges spontané autour de l’état d’avancement de l’ensemble du processus, en général, et de la deuxième phase en particulier.

Du constat de la partie malienne, la deuxième phase, contrairement à la première, a été émaillée d’embûches et de défis majeurs, pour des raisons de déficit de coordination liées à des retraits précipités de la Mission de certaines de ses emprises.

Bamako a, à cet égard, évoqué sa vive préoccupation et son incompréhension au sujet de certains faits « graves constatés sur certaines emprises rétrocédées », notamment « l’abandon d’équipements dangereux, létaux et non létaux, source de graves risques sur le plan environnemental, sanitaire et sécuritaire ; la destruction des systèmes d’adduction d’eau, contraire au respect élémentaire des normes sociales et humanitaires ainsi que le sabotage à empreinte professionnelle des équipements aéroportuaires à Kidal, Mopti et Tombouctou ». A ce niveau, le gouvernement malien a souligné la nécessité de mener des enquêtes appropriées et des évaluations techniques et environnementales pour panser les impacts négatifs, en conformité avec les engagements pris..

Nonobstant ces points de divergences constatées, les deux parties ont salué les « efforts exceptionnels déployés pour parvenir à un niveau de désengagement reflétant les engagements pris en termes de respect de délai convenu et des objectifs politiques fixés », peut-on lire sur la page Facebook des affaires étrangères du Mali.

En plus, concernant les activités opérationnelles de retrait en cours et de la phase de liquidation qui s’ouvre à partir du 1er janvier 2024, les parties conviennent de poursuivre la collaboration, le dialogue constructif et le pragmatisme pour trouver des solutions partagées à certaines questions pendantes et à finaliser l’ensemble du processus, selon les engagements pris.

Quant à la phase de liquidation, les autorités maliennes invitent la Minusma à « soumettre au gouvernement du Mali, un chronogramme détaillé, étalé dans un délai le plus court possible afin de vite tourner la page de la MINUSMA et de poursuivre la coopération habituelle avec les Agences, Fonds et Programmes du Système des Nations unies ».

En guise de rappel, à la date du vendredi 8 décembre, plus de 10.500 personnels en uniforme ou civils de la Minusma ont quitté le Mali, sur un total d’environ 13.800 au moment du début du retrait, a indiqué la Minusma sur X (ex-Twitter). La mission prendra officiellement fin ce 31 décembre.

Mohamed Camara / Malikonews.com

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