Les libertés d’expression et d’association semblent atteintes actuellement au Mali, par la série d’interpellation des acteurs s’opposant aux autorités ou encore par la dissolution de certains mouvements politiques ou de la société civile, critiques envers le régime. Ce n’est pas que cela, même la liberté de manifester a été interdite à une coalition politique dénommée « synergie d’action pour le Mali », ce 26 mars, par le gouverneur de Bamako, en arguant des raisons sécuritaires. Avant cette décision d’interdiction formelle de toutes les activités de cette coalition « sur l’ensemble du territoire du district de Bamako », Etienne Fakaba Sissoko, professeur d’économie, a été interpellé, ce 25 mars, par la brigade d’investigation judiciaire, suite à ses récentes publications sur les réseaux sociaux concernant la fin de la transition et un sondage qu’il a effectué sur la restriction de la liberté d’expression dans le pays.
« Nous vous invitons à participer à une enquête visant à recueillir des perspectives variées sur l’état des libertés et des droits humains au Mali. Cette étude est menée dans le cadre d’un projet de recherche académique visant à mieux comprendre les enjeux actuels relatifs aux droits civiques, politiques et sociaux dans le contexte malien post-2020 », c’était la première phrase de cette enquête postée sur la page Facebook de Etienne Fakaba Sissoko, ce 21 mars.
L’objectif de cette enquête, selon le post du professeur d’économie qui avait été accusé et écroué pour “trouble à l’ordre public” en janvier 2022, suite à ses publications sur les conséquences économiques des sanctions de la Cédéao sur le Mali, « est de rassembler des informations précieuses sur les perceptions et expériences des individus concernant les libertés et droits humains au Mali. ». Et il avait estimé dans sa publication que « les résultats contribueront à éclairer les discussions politiques, académiques et sociales sur les mesures nécessaires pour renforcer la protection des droits humains et promouvoir une société plus juste et démocratique ».
Ainsi, ce 25 mars, Etienne Fakaba Sissoko a été interpellé par la BIJ, suite à ses publications sur les réseaux sociaux concernant la fin de la transition et son sondage sur la restriction de la liberté d’expression au Mali. Et il sera presenté au procureur du pôle anti-cybercriminalité ce mercredi 27 mars.
Des raisons sécuritaires
Par ailleurs, les autorités ont interdit les activités à Bamako de la « synergie d’action pour le Mali » récemment créée, invoquant des « menaces de troubles à l’ordre public »
La coalition « Synergie d’action pour le Mali », mise en place en février, proposait « une autre voie ».
Elle est formée de membres de 30 partis et formations d’opposition, dont des partisans de l’influent imam Mahmoud Dicko, et est critique envers le régime. Elle a notamment estimé que « les attentes du peuple sont loin d’être satisfaites ». Certaines associations membres de cette coalition ont été dissoutes par les autorités, à savoir, la CMAS et le Kaoural Renouveau.
« En raison du contexte sécuritaire et des risques de menaces de trouble à l’ordre public, les activités du regroupement dénommé Synergie d’action pour le Mali sont formellement interdites sur l’ensemble du territoire du district de Bamako », a indiqué un arrêté, daté de lundi, du gouverneur de la capitale, Abdoulaye Coulibaly. Il a notamment mis en avant « les multiples agissements » de la coalition, selon lui, « en violation de la réglementation en vigueur ».
En outre, la Synergie d’action pour le Mali a rejeté dans un communiqué « cette décision illégitime et illégale qui viole la liberté d’association et d’expression garantie par la Constitution », ce 26 mars.
« Aujourd’hui 26 mars 2024 est théoriquement la fin de la transition » mais « malheureusement, le constat est que les autorités de transition refusent d’honorer leur engagement » et cette situation « plonge le pays dans un vide juridique », a affirmé la coalition dont les activités sont déjà interdites à Bamako.
Mohamed Camara / ©️ Malikonews.com