Le Mali et l’Algérie : Une histoire de solidarité écrasée par l’ingratitude et l’instabilité

Le Mali et l'Algérie : Une histoire de solidarité écrasée par l’ingratitude et l’instabilité. © DR

Le 8 avril 2025, la nouvelle est tombée, une nouvelle qui a fait l’effet d’une gifle pour ceux qui se souviennent des jours où l’Algérie, dans sa lutte pour l’indépendance, a reçu un soutien indéfectible du Mali. Un drone malien, qui revenait d’une mission de reconnaissance, a été abattu par les forces algériennes après avoir soi-disant pénétré leur espace aérien de seulement 1,6 km. Un acte qui semble plus relever d’une volonté délibérée de nuire que d’un respect des principes de souveraineté.

Pour ceux qui s’en souviennent, Abdelaziz Bouteflika a vécu au Mali et y était tellement attaché qu’on l’appelait « Abdel Aziz el Mali ». Ce geste prend une résonance particulière. Il est non seulement un affront à la mémoire de l’histoire commune de nos deux nations, mais aussi un signal alarmant du dédain que l’Algérie semble désormais accorder à une relation fondée sur la solidarité, la fraternité et le soutien mutuel. En effet, dans les années où l’Algérie se battait pour son indépendance contre l’occupant colonial français, le Mali, tout juste indépendant, était un pilier pour la résistance algérienne, un soutien moral et diplomatique sans lequel la lutte du FLN aurait été bien plus ardue.

Un soutien historique au service de l’indépendance de l’Algérie

Dès l’indépendance du Mali en 1960, sous la direction du président Modibo Keïta, le pays a apporté une aide essentielle à la cause algérienne. À l’époque, alors que l’Algérie luttait encore contre le colonialisme français, le Mali n’a pas hésité à se porter garant de la cause algérienne sur la scène internationale. Sur les forums de l’ONU et dans les instances panafricaines, le Mali a soutenu la revendication algérienne pour l’indépendance, exprimant sa solidarité avec les Algériens dans leur lutte pour la liberté.

Mais la solidarité ne s’est pas limitée à la diplomatie. Le Mali a également joué un rôle crucial sur le terrain. Le pays a offert un refuge pour les combattants du FLN, dont l’un des plus célèbres fut Abdelaziz Bouteflika. Présentement, c’est cette même Algérie qui s’engage dans des actions nuisibles à la paix et à la stabilité du Mali. Les frontières maliennes ont permis aux militants de traverser en toute sécurité pour se rendre dans des zones stratégiques du Sahara. Ces corridors de passage, bien qu’en grande partie informels, ont facilité l’acheminement d’armes et de matériel vital pour les opérations du FLN, marquant ainsi l’engagement profond du Mali dans la lutte pour la libération de l’Algérie.

L’héritage brisé : un acte d’Ingratitude inacceptable

Aujourd’hui, en 2025, voir l’Algérie abattre un drone malien pour avoir semble-t-il pénétré son territoire de 1,6 km est non seulement incompréhensible, mais aussi profondément insultant. Ce geste résonne comme un rejet total de l’héritage de solidarité entre les deux nations. C’est comme si l’Algérie, désormais tournée vers ses propres intérêts géopolitiques, avait oublié les sacrifices du Mali dans sa quête pour la liberté.

Bouteflika, qui fut l’un des symboles de la guerre de libération, doit se retourner dans sa tombe face à cette ingratitude. En effet, sous son leadership, l’Algérie a su tirer parti du soutien des pays africains comme le Mali pour obtenir son indépendance. Pourtant, aujourd’hui, au lieu d’entretenir des relations de respect mutuel, le gouvernement algérien choisit d’agir de manière destructrice et déstabilisatrice, menaçant directement la sécurité et la stabilité du Mali.

Vers une refondation des relations : L’appel à la conscience africaine

Il est grand temps de rappeler à l’Algérie, à ses dirigeants et à son peuple, que l’histoire de la décolonisation et de l’indépendance est un chemin que nous avons parcouru ensemble. Le Mali a, à plusieurs reprises, fait preuve de générosité et de courage pour soutenir l’Algérie, et il est maintenant du devoir de ce dernier de reconnaître les torts qu’il commet en contribuant à la déstabilisation du Mali.

Le Mali, qui aujourd’hui lutte contre des groupes terroristes et des forces extérieures visant à détruire sa souveraineté, mérite de voir ses efforts de paix respectés, non bafoués. L’Algérie, en frappant un drone malien dans une zone aussi insignifiante en termes de distance, chose qui est loin d’être démontré, choisit d’ignorer l’amitié et la coopération historiques qui les ont unies.

Le moment est venu pour le Mali de redoubler d’efforts pour sécuriser sa paix et sa stabilité, mais également pour l’Algérie de se rappeler que la sécurité de l’un dépend de celle de l’autre. Ce geste irresponsable ne doit pas rester sans réponse. L’histoire nous enseigne que l’ingratitude n’a jamais été bénéfique à long terme. Et que la paix durable ne peut être bâtie sur des comportements déstabilisateurs et destructeurs.

Nous, fils du Mali, portons l’héritage de cette solidarité, et nous devons veiller à ce qu’il ne soit pas foulé aux pieds. Il est temps pour l’Algérie de se rappeler ses obligations envers ses frères maliens, de retrouver le chemin de la fraternité africaine et de la décence, car combattre le terrorisme doit être l’affaire de tous.

Ce fléau qui terrorise le Sahel ne doit pas être l’affaire de quelques-uns, mais de chaque citoyen et de chaque nation. L’humanité ne doit pas succomber à l’emprise de la violence et de la haine. Il est impératif que nous nous unissions, sans réserve, pour préserver les valeurs essentielles de liberté, de justice et de solidarité.

Abdoulaye Diarra

Journaliste

Auteur/Autrice

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