Le fils d’un tirailleur sénégalais tué lors du massacre de Thiaroye porte plainte en France

Le cimetière des tirailleurs de Thiaroye, près de Dakar, au Sénégal, en 2007. © AFP

Le Sénégalais Biram Senghor, seul descendant connu d’un des nombreux tirailleurs massacrés par l’armée coloniale française en 1944 à Thiaroye au Sénégal a déposé plainte mardi à Paris contre X et la France pour recel de cadavre, a indiqué mercredi à l’AFP son avocat, Me Mbaye Dieng.

M. Senghor est l’unique fils de M’Bap Senghor, tué le 1er décembre 1944 alors qu’à son retour d’Europe, il réclamait ses arriérés de soldes pour sa participation à la Seconde Guerre mondiale.

Après le massacre, M’Bap Senghor « a été considéré comme +non rentré+ (disparu) puis déserteur », écrit l’historienne Armelle Mabon dans son ouvrage, « Massacre de Thiaroye. Histoire d’un mensonge d’État », publié en novembre.

Son décès n’a été officiellement reconnu que neuf ans plus tard, en 1953, précise-t-elle.

Les autorités françaises de l’époque avaient admis la mort d’au moins 35 personnes.

Mais plusieurs historiens avancent un nombre de victimes bien plus élevé, jusqu’à 400. L’endroit où reposent les soldats tombés n’a jamais été précisément révélé.

Des archéologues ont découvert des squelettes humains avec des balles dans le corps dans le cimetière de Thiaroye, a appris l’AFP début juin de source proche du dossier.

Parmi les tirailleurs exécutés, six ont été reconnus en juillet 2024 « morts pour la France », une liste qui « pourra être complétée dès lors que l’identité exacte d’autres victimes aura pu être établie », selon le secrétariat d’État français chargé des Anciens combattants et de la Mémoire.

Parmi eux, quatre étaient sénégalais, dont M’Bap Senghor.

Pour Me Dieng, « pendant un temps, on a menti à sa famille, on a fait croire que M. Senghor père était un déserteur, qu’il n’était pas mort à Thiaroye, et ensuite on a reconnu qu’il l’était ».

L’ex-président français « François Hollande est venu dire en 2014 que dans les tombes qui se trouvent à Thiaroye il n’y a personne, on ne sait pas où se trouvent les tirailleurs ».

« Cette situation fait tomber les responsables de la gestion de ce dossier sous le coup de l’article 434-7 du code pénal français, qui punit toute personne qui cache le cadavre d’une personne décédée des suites d’une violence », a poursuivi le conseil.

« La France est partie avec toutes les archives de la période où elle a géré le pays car il y avait des choses à cacher », a-t-il ajouté.

« Nous estimons que les personnes qui ne donnent pas accès aux archives font obstruction. Il faut qu’ils nous disent où se trouve le cadavre », a encore demandé Me Dieng.

Avec AFP

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