Guinée : l’opposition rejette le projet de Constitution

Mamadi Doumbouya, chef de la transition guinéenne. © Présidence de la Guinée
Les principaux partis d’opposition et organisations de la société civile en Guinée ont rejeté mardi le projet de Constitution présenté la veille par les autorités qu’ils accusent de vouloir se présenter aux élections contrairement à leurs engagements.

Les autorités guinéennes dominées par les militaires ont présenté lundi un avant-projet de Constitution qui devrait être soumise à référendum avant la fin de l’année.

Ce projet de Constitution prévoit notamment une limitation des mandats à deux, l’instauration d’un système de parrainage pour l’élection présidentielle, un âge minimum de 35 ans et de 80 ans maximum pour se présenter, la mise en place d’un nouveau Parlement avec deux chambres: une Assemblée nationale et un Sénat.

Les Forces vives de Guinée (FVG), un collectif regroupant les principaux partis d’opposition et des organisation de la société civile, expriment leur « ferme opposition à l’avant-projet de Constitution présenté » par le Parlement de transition désigné par les militaires qui ont pris le pouvoir en septembre 2021, dans un communiqué transmis à l’AFP.

Ce projet de Constitution est « en contradiction totale avec la Charte de la transition et les engagements maintes fois répétés par la junte » et « ouvre la possibilité aux responsables de la transition de se présenter aux élections nationales et locales ».

Des dispositions de la charte de transition dans ses articles 46, 55 et 65 ont, selon eux, « consacré cette impossibilité » pour les dirigeants de la junte de se présenter aux élections mais elles « n’ont pas été reconduites dans l’avant-projet de Constitution ».

Ils déplorent « la volonté désormais sans équivoque » du gouvernement de reporter « sine die » le retour à l’ordre constitutionnel.

– « Kidnapping » –

Les FVG ont également exigé à nouveau la libération « immédiate et inconditionnelle » de deux opposants, Oumar Sylla, plus connu sous le nom de Foniké Menguè, et Mamadou Billo Bah, deux responsables du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), un mouvement citoyen qui réclame le retour des civils au pouvoir en Guinée.

MM. Sylla et Bah ont « disparu » après avoir été arrêtés le 9 juillet, selon le FNDC, qui a dénoncé un « kidnapping ». Les autorités nient toute arrestation et disent n’avoir aucune nouvelles des deux hommes.

Au moins sept manifestants et deux policiers ont été blessés mardi lors de manifestations pour leur libération, ont indiqué à l’AFP des sources sécuritaire et médicale.

Des jeunes ont érigé des barricades avec des troncs d’arbres et renversé des poubelles dans des quartiers réputés frondeurs, dans la banlieue de la capitale, a affirmé à l’AFP une source policière.

Les manifestants ont répondu à l’appel de la Dynamique des organisations de la société civile guinéenne, formée de plusieurs associations.

L’arrestation présumée de MM. Sylla et Bah serait la dernière en date d’une longue série en cours depuis que le colonel Mamadi Doumbouya, aujourd’hui investi président et promu général, a pris le pouvoir par la force en Guinée en septembre 2021.

Près de trois ans après le coup d’Etat qui a renversé le Président Alpha Condé en septembre 2021, la perspective d’un retour à l’ordre constitutionnel en Guinée ne cesse de s’éloigner.

Le régime a déjà fait savoir qu’il manquerait à l’engagement, initialement pris sous la pression internationale, de céder la place à un régime civil d’ici à fin 2024.

Avec AFP

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