Drone malien détruit : la Cour internationale de Justice (CIJ) confirme la saisine contre l’Algérie

La Cour internationale de Justice (CIJ) a officiellement confirmé vendredi avoir reçu une requête du Mali contre l’Algérie pour la destruction d’un drone militaire, mettant fin aux dénégations catégoriques du ministre algérien des Affaires étrangères quant à l’existence de toute procédure judiciaire.

La Cour internationale de Justice (CIJ) a confirmé vendredi avoir reçu une requête du Mali visant l’Algérie, mettant fin à près de deux semaines de controverse sur l’existence de cette saisine que les autorités algériennes avaient catégoriquement démentie.

Dans un communiqué publié à La Haye, la juridiction précise que le Mali a déposé le 16 septembre 2025 une requête introductive d’instance concernant « la prétendue destruction par les forces de défense de l’Algérie d’un drone de reconnaissance des Forces armées et de sécurité de la République du Mali au cours d’une mission de surveillance sur le territoire malien » dans la nuit du 31 mars au 1er avril 2025.

Le gouvernement malien avait annoncé dès le 4 septembre avoir saisi la Cour, accusant Alger d’avoir abattu « de manière préméditée » un drone militaire immatriculé TZ-98D à Tinzaouatène, dans la région de Kidal.

Cette confirmation contredit les déclarations du ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, qui avait assuré que la CIJ « n’a jamais été saisie d’aucune demande d’introduction d’instance » et qu’Alger n’avait « jamais reçu aucune lettre » de la Cour.

Bamako affirme de son côté avoir adressé dès le 6 avril plusieurs requêtes aux autorités algériennes, restées sans réponse, pour obtenir les preuves d’une éventuelle violation de l’espace aérien par le drone. Les autorités de transition qualifient cet acte d’« agression » et de violation du principe de non-recours à la force, en invoquant la Résolution 3314 de l’Assemblée générale des Nations Unies, la Charte des Nations Unies, l’Acte constitutif de l’Union africaine et le Pacte de non-agression et de défense commune.

Procédure en suspens devant la CIJ

La CIJ précise que la procédure reste suspendue dans l’attente du consentement de l’Algérie, conformément à son règlement qui interdit tout acte procédural sans l’acceptation de compétence par l’État mis en cause. La requête malienne a été transmise au gouvernement algérien mais ne sera pas inscrite au rôle général sans son accord.

L’incident du drone avait déjà conduit le Mali à saisir le Conseil de sécurité des Nations Unies. Dans une lettre datée du 7 avril 2025, l’ambassadeur Issa Konfourou avait qualifié la destruction de l’appareil d’« agression délibérée » et demandé l’enregistrement de sa déclaration comme document officiel du Conseil. Le 8 avril, le Procureur du Pôle judiciaire spécialisé, Amadou Bocar Touré, a ouvert une enquête pour terrorisme, association de malfaiteurs, détention illégale d’armes de guerre, financement du terrorisme et complicité.

Dégradation des relations diplomatiques

Depuis cet incident, les relations entre Bamako et Alger se sont fortement détériorées. Les deux pays ont fermé mutuellement leurs espaces aériens, Alger reprochant au Mali des violations répétées en 2024, tandis que Bamako accuse Alger de soutenir des groupes armés dans le nord, ce que le gouvernement algérien dément. La crise a entraîné le rappel des ambassadeurs et la suspension des vols d’Air Algérie vers Bamako, rétablis seulement quelques mois plus tôt, en décembre 2024.

Avec Apanews

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