Crise en RDC : réunion à Doha, le M23 à l’offensive dans l’est

Crise en RDC : réunion à Doha, le M23 à l'offensive dans l'est. © DR

L’émissaire américain pour l’Afrique, Massad Boulos, a rencontré mercredi au Qatar des représentants du Rwanda et de la République démocratique du Congo (RDC) pour tenter de trouver une issue à la crise dans l’est de la RDC, où le groupe armé M23 s’est emparé d’une importante localité.

Le Rwanda et la RDC ont convenu vendredi à Washington, sous l’égide du secrétaire d’Etat américain Marco Rubio, de « créer un avant-projet d’accord de paix » d’ici le 2 mai. Dans l’est de la RDC, les combats se poursuivent et le M23 occupe toujours de vastes pans de territoires avec l’appui du Rwanda et de son armée.

Les discussions de mercredi à Doha ont porté sur le conflit dans l’Est, les négociations en cours et « la situation humanitaire (…) qui continue de nécessiter une réponse urgente, coordonnée et durable », a indiqué le ministère des Affaires étrangères qatari.

Des représentants de la France et du Togo, dont le président a été désigné médiateur de l’Union africaine dans cette crise, ont également participé à ces discussions, a précisé le ministère.

Après s’être emparé des grandes villes de Goma en janvier et de Bukavu en février, le M23 continue son offensive dans la province orientale du Sud-Kivu, voisine du Rwanda et du Burundi.

Mardi, le groupe armé s’est emparé de la localité de Kaziba, située à une trentaine de kilomètres à vol d’oiseau au sud de Bukavu, capitale de la province du Sud-Kivu, selon des sources sécuritaires et locales.

« Ils ont pris le contrôle de bureaux administratifs de la chefferie de Kaziba » et « nos militaires ont fui », a déclaré mercredi à l’AFP un représentant de la société civile locale joint par téléphone.

Kaziba est le chef lieu d’une entité administrative qui compte quinze groupements, dont « la plus grande partie est occupée » par le M23, a affirmé à l’AFP un autre représentant de la société civile locale, toujours sous couvert de l’anonymat par crainte de représailles.

La localité de Kaziba, qui compte environ 60.000 habitants selon les autorités locales, constitue un nœud routier permettant notamment d’accéder aux plateaux dominant la ville d’Uvira, située dans la plaine de la Ruzizi à côté de la frontière burundaise, et toujours aux mains des forces de Kinshasa.

– Nouveaux médiateurs –

La prise de Kaziba permet au M23 de progresser vers ces hauts plateaux pour y opérer une jonction avec le groupe Twirwaneho, une milice alliée au M23 qui prétend défendre les intérêts de la communauté banyamulenge, minorité tutsi congolaise, selon Josaphat Musamba, chercheur au Groupe d’études sur le conflit et la sécurité Humaine (GEC-SH) de l’Institut supérieur pédagogique de Bukavu.

A terme, « l’ambition est de capturer aussi la ville d’Uvira », affirme-t-il.

L’est de la RDC, riche en ressources et frontalier du Rwanda, est en proie à des conflits depuis 30 ans, mais les violences ont connu un regain d’intensité avec la résurgence du M23 fin 2021. Une demi douzaine de cessez-le-feu et de trêves ont été signés et violés par les belligérants depuis 2021.

Après l’Angola, les États-unis et le Qatar se sont imposés comme de nouveaux médiateurs dans la crise entre la RDC et le Rwanda.

La RDC a cherché à obtenir le soutien des Etats-Unis, notamment en proposant de conclure son propre accord avec les Etats-Unis sur l’accès aux minerais.

Dans une lettre ouverte publiée mercredi, plusieurs dizaines d’intellectuels congolais ont exprimé leur « réserve sur les négociations en cours », et appelé le Président congolais Félix Tshisekedi à ne pas « brader » les ressources naturelles, notamment minières, du pays.

La veille, M. Tshisekedi avait déclaré à la presse que cette démarche est « un pas dans la bonne direction » pour une « paix véritable et définitive » en RDC.

Mercredi, a débuté à Goma une opération d’évacuation de centaines de militaires et de policiers congolais réfugiés dans les bases des casques bleus depuis la prise de la ville par le M23 en janvier, a annoncé la Croix-Rouge internationale (CICR).

Selon des sources sécuritaires, les personnels désarmés doivent être transportés par la route à travers des zones contrôlées par le M23 puis par voie aérienne jusqu’à la capitale Kinshasa, en plusieurs convois et pendant plusieurs jours.

Avec AFP

Auteur/Autrice

Également : ,

Autres articles