Cinéma africain : le film burkinabè « Katanga, la danse des scorpions », Etalon d’or du Fespaco

Cinéma africain : le film burkinabè "Katanga, la danse des scorpions", Etalon d'or du Fespaco. © DR

Le réalisateur burkinabè Dani Kouyaté a remporté samedi l’Etalon d’Or de Yennenga du 29e Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) pour son long-métrage « Katanga, la danse des scorpions ».

Le réalisateur et producteur de 63 ans a reçu son trophée des mains du chef de la junte au pouvoir au Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, comme toujours vêtu de ses habits militaires, sous l’acclamation des nombreux festivaliers, au palais des sports de Ouagadougou.

Martin Zongo, porte parole du jury qui lui a décerné le prix, a indiqué que le film a été choisi « pour le caractère intemporel et universel de sa cruciale thématique (…) pour son fort ancrage culturel à travers ses décors et costumes et la valorisation de son identité linguistique ».

Le film, une adaptation de la tragédie de Macbeth de William Shakespeare, retrace l’histoire d’un village pris dans les méandres et les vicissitudes du pouvoir d’un tyran.

« J’ai voulu sortir du temps et de l’espace, sortir une fable politique qui se veut universelle », expliquait le réalisateur Dani Kouyaté lors de la projection de ce film tourné à Ouagadougou et ses environs, en noir et blanc, avec des dialogues en mooré, la langue la plus parlée au Burkina Faso.

« Je suis comblé. Merci beaucoup. Merci au jury », a lancé le réalisateur après avoir été distingué.

– Hommage aux victimes du jihadisme –

Il a rendu un hommage appuyé à Souleymane Cissé, réalisateur malien décédé à quelques jours du Fespaco où il devait présider le jury.

Fils du célèbre homme de culture burkinabè Sotigui Kouyaté, le réalisateur, scénariste et producteur primé samedi s’était déjà illustré lors du Fespaco 2001 en remportant le prix spécial du jury avec  « Sya ou le reve du python ».

M. Kouyaté a également dédié son trophée « au vaillant peuple du Burkina Faso et à tous ceux qui sont morts sur le champ de bataille pour défendre notre patrie » qui fait face à des violences jihadistes de plus en plus meurtrières depuis une dizaine d’années.

« La lutte est âpre mais la victoire est certaine », a-t-il lancé sous des acclamations.

C’est la première fois depuis 1997 et « Buud Yam » de Gaston Kaboré que le Burkina Faso remporte la récompense suprême de ce festival incontournable du cinéma africain.

Le Burkina Faso est gouverné depuis septembre 2022 par une junte militaire autoritaire qui revendique une politique souverainiste et qui a tourné le dos à certains partenaires occidentaux, la France en tête.

Le Fespaco, dont la première édition s’est tenue en 1969, a reçu cette année des financements de plusieurs centaines de milliers d’euros de l’Union européenne et de l’ONU, notamment.

Le groupe Canal + a également présenté son programme de soutien à l’industrie cinématographique africain, à l’occasion de ce festival où une trentaine de films et documentaires issus de sa production étaient présentés.

Dans le reste du palmarès, « Katanga ou la danse des scorpions » a également remporté le prix du public, récompensant le film ayant enregistré le plus d’entrées et le vote des cinéphiles.

L’Etalon d’argent, le deuxième prix,  a récompensé « Le village à côté du paradis » du Somalien Mo Harawé et l’Etalon de bronze a été décerné à « On becoming a guinea fowl » de la Zambienne Rungano Nyoni.

Avec AFP

Auteur/Autrice

Également : ,

Autres articles