L’ancien ministre égyptien des Antiquités, Khaled El-Enany, a été élu ce lundi 6 septembre par le Conseil exécutif de l’UNESCO pour succéder à Audrey Azoulay à la tête de l’organisation onusienne chargée de l’éducation, de la science et de la culture. Soutenu activement par plusieurs capitales arabes, africaines et asiatiques, ce vote consacre un diplomate issu du monde de la culture, mais intervient dans un climat de fortes tensions politiques.
Une élection aux allures géopolitiques
Le choix du Conseil exécutif, composé de 58 États membres, s’est porté sur M. El-Enany au terme d’un scrutin serré, marqué par d’intenses tractations diplomatiques. Selon des sources proches du processus, le Caire a déployé une diplomatie active pour rallier les voix nécessaires, notamment auprès de pays africains et du Golfe.
Cette élection illustre, selon plusieurs observateurs, la montée en puissance des États arabes au sein du système multilatéral, dans un contexte où les grandes puissances occidentales paraissent divisées.
Un homme de culture à la tête de l’organisation
Âgé de 54 ans, archéologue de formation, Khaled El-Enany s’est fait connaître par sa gestion du patrimoine pharaonique et l’ouverture de grands musées en Égypte. Son profil académique et sa proximité avec les milieux scientifiques lui confèrent une légitimité sur le plan culturel.
Cependant, son passé de ministre sous le régime d’Abdel Fattah al-Sissi suscite des réserves dans certains milieux diplomatiques, qui redoutent une politisation accrue de l’organisation.
Une nomination contestée
Plusieurs ONG et diplomates occidentaux dénoncent une élection influencée par des considérations politiques plutôt que par la vision du candidat pour l’avenir de l’UNESCO. Certains rappellent les positions du gouvernement égyptien sur la liberté d’expression et la culture, jugées contraires aux valeurs de l’organisation.
Malgré ces critiques, Khaled El-Enany a promis, dans sa première déclaration, de “renforcer le rôle de l’UNESCO comme forum du dialogue des civilisations et de la diversité culturelle”.
Un défi pour le multilatéralisme
Le nouveau directeur général prendra officiellement ses fonctions à l’issue de la validation de son mandat par la Conférence générale prévue en novembre. Il héritera d’une institution fragilisée par le désengagement financier de certains États et par la défiance croissante envers le multilatéralisme.
Son élection symbolise à la fois un tournant diplomatique et une épreuve de crédibilité pour une organisation en quête de renouveau et d’équilibre entre ses valeurs universelles et les réalités politiques de ses États membres.
MalikoNews