Une quarantaine de migrants et demandeurs d’asile provenant de pays d’Afrique subsaharienne, dont des femmes enceintes et des enfants, se trouvent en grande détresse, abandonnés près de la frontière entre la Tunisie et l’Algérie, ont indiqué jeudi à l’AFP plusieurs ONG.
Ce groupe « de 42 personnes, dont des réfugiés et demandeurs d’asile », dit avoir été « expulsé de Sfax », grande métropole du centre de la Tunisie, et emmené jusqu’à la frontière algérienne, près d’Oum El Araies, dans la région semi-désertique de Gafsa, a expliqué à l’AFP Romdhane Ben Amor, de l’ONG tunisienne FTDES.
Cette zone du sud-ouest de la Tunisie connaît en ce moment une chaleur extrême.
« Cela fait trois jours qu’on les suivait mais ce matin on a perdu contact avec eux, ils n’ont pas d’eau ni rien à manger et sont dans une zone très isolée », a-t-il ajouté.
Sfax, qui se trouve à moins de 150 km des côtes italiennes, est l’épicentre des tentatives de traversée irrégulière vers l’Europe de migrants, pour la plupart provenant de pays d’Afrique subsaharienne.
Une autre ONG a confirmé sous couvert d’anonymat « l’expulsion vers la frontière algérienne d’un groupe d’une quarantaine de personnes ».
Dans le même temps, le site Refugees in Libya a publié des images, non authentifiées par l’AFP, de personnes épuisées, allongées au sol, dont certaines montraient des cartes de demandeurs d’asile, et souligné le besoin « en urgence d’une assistance médicale pour les femmes enceintes ».
En juillet 2023, des journalistes de l’AFP avaient interviewé des migrants à bout de force, errant dans le désert à la frontière entre la Tunisie et la Libye, après y avoir été abandonnés par les autorités tunisiennes. Des centaines d’autres avaient été expulsés au même moment vers les frontières avec l’Algérie.
Selon des sources humanitaires à l’AFP, « entre juin et septembre (2023) au moins 5.500 migrants (avaient) été expulsés vers la Libye et plus de 3.000 vers l’Algérie » dont au moins une centaine avaient péri sur la frontière tuniso-libyenne.
Au printemps 2023, des milliers de migrants avaient été rapatriés par leurs pays d’origine ou avaient fui la Tunisie vers l’Europe, après s’être retrouvés sans travail ni logement dans une campagne anti-migrants déclenchée par un discours aux accents xénophobes du président tunisien Kais Saied.
Avec AFP