L’un veut « déraciner » le Hamas, l’autre un cessez-le-feu dans la bande de Gaza: Benjamin Netanyahu sera reçu par Donald Trump à la Maison Blanche lundi, une rencontre déterminante pour l’avenir du territoire palestinien et où il sera aussi question de l’Iran.
Il s’agira, de manière tout à fait inhabituelle, de la troisième rencontre à Washington en six mois entre le Premier ministre israélien et le président américain qui entretiennent une relation étroite.
Elle survient deux semaines après que les Etats-Unis ont rejoint l’offensive militaire israélienne contre l’Iran, Washington bombardant trois sites nucléaires et obtenant peu après un arrêt de la guerre entre les deux pays ennemis.
La résolution de cette guerre de 12 jours a ravivé les espoirs d’un arrêt des combats dans la bande de Gaza, où les conditions humanitaires sont catastrophiques pour une population de plus de deux millions de personnes.
Donald Trump, qui a dit cette semaine qu’il se montrerait « très ferme » vis-à-vis de M. Netanyahu, appelle à un cessez-le-feu de 60 jours dans la bande de Gaza, las d’une guerre qui n’en finit pas.
« Je veux surtout que les habitants de Gaza soient en sécurité. Ils ont vécu l’enfer », a-t-il affirmé jeudi, alors qu’on lui demandait s’il voulait toujours que les Etats-Unis prennent le contrôle du territoire palestinien, comme il l’avait annoncé en février.
– « Grand marchandage » –
Une nouvelle proposition de trêve négociée après la venue à Washington du ministre israélien Ron Dermer a été soumise au mouvement islamiste palestinien par les médiateurs qatari et égyptien.
Donald Trump a sommé le Hamas d’accepter cette « ultime » proposition de cessez-le-feu après 21 mois d’une guerre dévastatrice dans la bande de Gaza, déclenchée en représailles à l’attaque du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023.
Celui-ci s’est dit vendredi soir être prêt à « engager immédiatement » des négociations, soutenu par son allié le Jihad islamique.
Selon une source palestinienne, la trêve serait assortie de la libération de la moitié des otages encore vivants détenus par le Hamas, en échange de prisonniers palestiniens.
« Je crois qu’on va assister à une réunion stratégique façon +grand marchandage+ comme les aime Trump », dit à l’AFP Michael Horowitz, analyste géopolitique indépendant.
Selon lui, « même M. Netanyahu a conscience qu’on arrive au bout de ce qui peut être fait à Gaza, et qu’il est temps de planifier une sortie. Netanyahu la veut sûrement graduelle ».
Le dirigeant israélien est sous pression au sein de son gouvernement de coalition et va vouloir temporiser, tout en plaidant qu' »une sortie graduelle de la guerre se fasse en parallèle avec un effort de normalisation avec des partenaires régionaux comme l’Arabie saoudite », explique l’expert.
– « Rien à offrir » à l’Iran –
En 2020, les accords d’Abraham, parrainés par Donald Trump lors de son premier mandat, ont mené à la normalisation des relations entre plusieurs pays arabes dont le Maroc et les Emirats arabes unis.
Mais nombre de pays arabes ont jusqu’ici refusé de se joindre à ce processus, en particulier l’Arabie saoudite, tant que la guerre à Gaza se poursuit et qu’il n’y a pas de trajectoire définie en vue d’un Etat palestinien, ce que le gouvernement israélien rejette catégoriquement.
Sur le dossier du nucléaire iranien, Donald Trump a affirmé lundi dernier qu’il n’avait « rien à offrir » à l’Iran, à qui il « ne parle pas ».
Et le président américain, fort des frappes dans la nuit du 21 au 22 juin, qui ont selon lui « anéanti » le programme nucléaire iranien, a prévenu qu’il n’hésiterait pas à bombarder le pays à nouveau s’il cherchait à se doter de l’arme atomique.
Les relations entre MM. Netanyahu et Trump n’ont pas toujours été de tout repos.
Lors de leur précédent entretien, en avril, Donald Trump avait stupéfait M. Netanyahu en annonçant des négociations directes avec l’Iran.
Mais « Bibi », le surnom donné à M. Netanyahu, a été le premier dirigeant étranger invité du second mandat de Donald Trump.
Et leur alliance contre l’Iran semble avoir scellé les retrouvailles.
Le président américain a dit voir dans le dirigeant israélien « un Grand Héros », allant jusqu’à appeler à l’abandon des poursuites judiciaires pour corruption le visant dans son pays.
Avec AFP