« Tu as échoué et je t’appelle purement et simplement à démissionner », a exhorté mardi dans une lettre ouverte circulant sur les réseaux sociaux, le général Adam Idriss Déby Itno, considéré comme réfractaire à la famille, à son petit frère le président Mahamat Idriss Déby.
« Tu as laissé ton peuple entre deux peurs: soit la guerre civile, soit ton joug sans merci » a poursuivi le général dans sa lettre.
Des « élucubrations éhontées », fruits « d’une petite lutte personnelle animé de haine d’envie et de jalousie », a cinglé le président Mahamat Idriss Déby dans une réponse à son frère via un communiqué publié mercredi par le média tchadien MRTV.
Les relations demeurent particulièrement tendues au sein de la famille Déby et plus généralement au sein du clan de Zaghawa dont elle est issue. Cette ethnie minoritaire présente dans le nord et l’est du Tchad règne sans partage sur le pays depuis 1990.
La guerre au Soudan voisin entre l’armée dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des FSR menés par son ancien allié, le général Mohamed Hamdane Daglo, nourrit particulièrement les tensions au sein des Zaghawa.
Mahamat Idriss Déby Itno soutient les FSR, alors que certains Zaghawa du Tchad sont du côté des Zaghawa du Soudan qui prêtent main forte au général al-Burhane.
Egalement parenté au président Déby, Yaya Dillo Djérou était considéré comme l’opposant le plus crédible à Mahamat Déby jusqu’à ce qu’il soit tué en février 2024 dans l’assaut du siège de son parti par l’armée, deux mois avant l’élection présidentielle.
Début janvier, un mystérieux commando a attaqué le palais présidentiel tchadien à N’Djamena et fait un mort avant d’être décimé, avec 18 de ses 24 membres tués, selon le gouvernement qui a évoqué une attaque de « pied nickelés » drogués et alcoolisés. Cette attaque avait jeté un froid dans ce pays à l’histoire jalonnée de coups d’Etat.
Mahamat Déby avait été proclamé chef de l’Etat par l’armée en avril 2021, à la tête d’une junte de 15 généraux, à la mort de son père Idriss Déby Itno, tué par des rebelles après 30 années au pouvoir.
En mai 2024, Mahamat Déby a été élu président lors d’un scrutin boycotté par une partie de l’opposition et qualifié par des ONG internationales de « ni libre », « ni crédible ».
Avec AFP