Soudan : des attaques des paramilitaires font plus de 200 morts en trois jours

Des combattants des Forces de soutien rapide (FSR) conduisent un véhicule blindé dans le sud de Khartoum (Soudan), le 25 mai 2023. © AFP

Plus de 200 personnes ont été tuées en trois jours dans des attaques des paramilitaires contre deux villages au sud de Khartoum, a indiqué mardi un groupe d’avocats prodémocratie, le ministère des Affaires étrangères faisant état d’un bilan deux fois plus important.

Le ministère des Affaires étrangères a indiqué que des attaques menées par les Forces de soutien rapide (FSR) avaient fait « 433 morts, dont des bébés », dénonçant un « horrible massacre ».

Les attaques des FSR dans l’Etat du Nil Blanc contre les villages d’Al-Kadaris et d’Al-Khelwat –à quelque 90 km au sud de la capitale Khartoum– ont poussé des milliers d’habitants à la fuite, ont rapporté des témoins à l’AFP.

Depuis samedi, les FSR ont mené des « exécutions, enlèvements, disparitions forcées et pillages de biens » contre des civils non armés, selon un collectif d’avocats documentant les violations des droits humains depuis le début de la guerre.

L’attaque, qualifiée de « génocide » par le collectif, a fait des centaines de blessés et de disparus, a-t-il indiqué, précisant que certains habitants ont été abattus et se sont noyés en tentant de fuir à travers le Nil.

Depuis le début de la guerre en avril 2023, l’armée et les paramilitaires ont été accusés de crimes de guerre.

Les FSR, que les Etats-Unis ont accusés en janvier de génocide, sont tristement célèbres pour avoir mené des exécutions sommaires, des actes de nettoyage ethnique et des violences sexuelles systématiques.

La guerre a fait des dizaines de milliers de morts, déplacé plus de 12 millions de personnes et engendré ce que le International Rescue Committee qualifie de « plus grande crise humanitaire jamais enregistrée ».

– Des corps gisant dans les rues –

L’Etat du Nil Blanc, qui s’étend de la zone au sud de Khartoum jusqu’à la frontière avec le Soudan du Sud, est divisé entre les deux camps.

L’armée soudanaise contrôle le sud du Nil Blanc, notamment Rabak, sa capitale, ainsi que deux grandes villes et une base militaire stratégique.

Les FSR, de leur côté, tiennent le nord, limitrophe de la capitale soudanaise, une région où se trouvent notamment les villages où les récentes attaques ont eu lieu.

Affirmant ne pas être en mesure de confirmer le bilan, une source médicale a fait état lundi de « corps gisent encore dans les rues, et d’autres personnes tuées chez elles sans que personne ne puisse les atteindre ».

Les combats entre l’armée et les paramilitaires se sont intensifiés ces dernières semaines, l’armée tentant de reprendre aux FSR le contrôle total de Khartoum.

L’Unicef, l’agence de l’ONU pour l’enfance, a alerté dimanche sur la situation des civils pris au piège d' »un cauchemar vivant » dans et autour de la capitale.

Elle a fait état de témoignages alarmants sur des familles séparées, des enfants disparus, détenus ou enlevés, et des violences sexuelles.

– Embargo sur les armes –

Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a dénoncé mardi une « impunité enracinée » qui alimente de graves violations des droits humains à travers le pays.

« Les attaques continues et délibérées » contre les civils, avec notamment « des exécutions sommaires, violences sexuelles et autres violations et abus, soulignent l’échec total » des deux camps à respecter le droit humanitaire international, a-t-il affirmé dans un communiqué.

L’ONU a également appelé à l’élargissement de la compétence de la Cour pénale internationale ainsi qu’à l’extension de l’embargo sur les armes –en vigueur depuis 2004– à l’ensemble du Soudan, et non plus uniquement à la vaste région du Darfour (ouest).

Le Darfour, qui abrite près du quart de la population du Soudan, a connu une escalade des violences ces dernières semaines, les FSR cherchant à consolider leur emprise sur la région.

Les paramilitaires ont intensifié leurs attaques contre el-Facher, la capitale de l’Etat du Darfour-Nord et seule grande ville de la région échappant à son contrôle.

L’ONU affirme que des milliers de familles ont fui les attaques des FSR contre les villages autour d’el-Facher.

Les FSR ont lancé la semaine dernière une attaque meurtrière contre le camp de déplacés de Zamzam assiégé et frappé par la famine, près d’el-Facher.

Ce camp a été le premier secteur où l’état de famine a été déclaré au Soudan en août dernier, selon une évaluation soutenue par l’ONU. La famine touche désormais cinq zones du pays et devrait s’étendre à cinq autres y compris el-Facher en mai.

Huit millions de personnes sont au bord de la famine au Soudan, tandis que près de 25 millions, soit environ la moitié de la population, souffrent d’une insécurité alimentaire aiguë.

Avec AFP

 

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