Le président du Sénégal Macky Sall a ordonné mercredi 7 février à son gouvernement de prendre des mesures pour « pacifier l’espace public », face à la crise provoquée par le report de la présidentielle, indique un communiqué de ses services publié dans la nuit. Le communiqué ne précise pas quelles seraient ces mesures, demandées en premier lieu au ministère de la justice.
Le président Sall a décrété samedi 3 février le report de dernière minute de la présidentielle initialement prévue le 25 février, après trois ans de tensions récurrentes et en pleine bagarre politique sur les candidatures retenues ou écartées pour le scrutin.
L’Assemblée nationale a approuvé lundi le report de la présidentielle au 15 décembre avec les voix du camp présidentiel et des partisans d’un candidat recalé. Elle a aussi voté le maintien de M. Sall au pouvoir jusqu’à la prise de fonctions de son successeur, vraisemblablement début 2025. Le deuxième mandat de M. Sall expirait officiellement le 2 avril. Après avoir entretenu le doute pendant des mois, il a répété à différentes reprises l’engagement pris en 2023 de ne pas se représenter.
Un choc et un tollé
Ce report sans précédent et les conditions dans lesquelles il a été décidé ont causé un choc et un tollé. L’opposition crie au « coup d’Etat constitutionnel ». Elle soupçonne une manigance pour éviter la défaite du candidat du camp présidentiel, voire pour maintenir M. Sall à la tête du pays encore plusieurs années. Des tentatives de manifestations ont été réprimées et des dizaines de personnes interpellées.
M. Sall a dit sa volonté d’engager « un processus pragmatique d’apaisement et de réconciliation », lors du conseil des ministres de mercredi, précise un communiqué de ses services. Il a « demandé au gouvernement, notamment [à la] ministre de la justice de prendre les dispositions nécessaires pour matérialiser sa volonté de pacifier l’espace public », ajoute le communiqué sans autre précision.
M. Sall a réaffirmé « sa décision de ne pas prendre part à l’élection ». Il a « renouvelé sa confiance au premier ministre Amadou Ba ». De vives interrogations entourent ce dernier, désigné candidat du camp présidentiel par M. Sall lui-même. M. Ba est vivement contesté dans son propre camp. Il a gardé le silence publiquement sur la crise en cours. Le communiqué de la présidence dit qu’il a « réitéré sa loyauté au président » et exprimé son soutien au report de l’élection.
Avec AFP