Les nouvelles autorités sénégalaises préparent une « chasse aux sorcières » ciblant les ex-responsables, faute de pouvoir régler les problèmes des populations, affirme l’ex-formation au pouvoir, après plusieurs nouvelles nominations dans la justice.
Le président Bassirou Diomaye Faye a pris ses fonctions le 2 avril après avoir remporté avec éclat la présidentielle de mars face au candidat du pouvoir, après avoir notamment promis de rompre avec l’ancien système, améliorer les conditions de vie des Sénégalais et leur rendre des comptes.
Or avec des arrestations d’opposants ces dernières semaines et « les nominations à l’issue du Conseil supérieur de la magistrature » vendredi, la justice est en train de devenir une justice vengeresse des vainqueurs avec le déclenchement dans les jours et semaines à venir d’une vaste entreprise de règlement de comptes sur fond de soi-disant reddition des comptes », affirme l’Alliance pour la République (APR), l’ex-parti au pouvoir dans un communiqué publié vendredi soir.
« Faute de répondre à la demande sociale des Sénégalais et de donner satisfaction à des millions de jeunes (candidats à l’émigration) désemparés qui risquent leur vie en prenant la mer, les gouvernants ont choisi la chasse aux sorcières », dit l’APR, une formation dirigée par l’ex-président Macky Sall (2012-2024).
M. Sall, après deux mandats, ne s’était pas présenté à la présidentielle de mars et avait désigné son Premier ministre Amadou Bâ comme candidat du pouvoir.
L’APR estime que la justice appliquée par les nouvelles autorités « sera une arme de distraction et de destruction massive contre l’opposition pour l’intimider, la museler et la neutraliser ».
Le communiqué a été publié après une réunion vendredi du Conseil supérieur de la magistrature, une instance présidée par le président Faye, à l’issue de laquelle plusieurs nouveaux magistrats ont été nommés à des postes-clefs comme la Cour suprême, la Cour d’appel et le parquet de la République à Dakar et le pool judiciaire financier, un nouvel organe judiciaire.
Des juges présentés par la presse comme ayant été favorables à l’ancien pouvoir ont été mutés dans des juridictions en province, et d’autres magistrats ont été promus. Aucune explication officielle n’a été donnée à ces changements par les nouvelles autorités.
Celles-ci ont récemment publié des rapports d’audit mettant en cause la gestion de l’ex-pouvoir et envoyé des inspections dans des structures publiques, sans aucune arrestation jusqu’ici.
Avec AFP