La Cour suprême du Sénégal a rejeté cette semaine un recours du Premier ministre qui contestait sa condamnation en janvier 2024 à six mois de prison avec sursis pour diffamation, un dossier qui, selon Ousmane Sonko, n’est toutefois « pas fini ».
M. Sonko, qui était encore opposant au moment des faits, a d’ailleurs annoncé l’introduction dès ce mercredi d’un nouveau recours par sa défense. Mais selon de nombreux juristes, cette décision clôture définitivement cette affaire.
Cette condamnation, prononcée en appel en mai 2023 par un tribunal de Dakar puis confirmée par la Cour suprême en janvier 2024, l’avait empêché d’être candidat à la présidentielle de mars 2024 remportée par son second, Bassirou Diomaye Faye.
M. Sonko était alors poursuivi par un ministre de l’ancien régime, Mame Mbaye Niang, pour diffamation, injures et faux.
Mardi, la Cour suprême a rejeté le recours en rabat d’arrêt, une procédure rare, qui demandait le renvoi du dossier devant le Conseil constitutionnel.
« La requête en rabat d’arrêt a été rejetée, motif pris de ce que les juges de la chambre pénale n’avaient pas commis une erreur de procédure en rejetant la demande de sursis à statuer et de renvoi du dossier au Conseil Constitutionnel », a indiqué un de ses avocats, Me Ciré Clédor Ly.
La décision de la Cour a suscité un nouveau débat sur l’éligibilité ou non du chef du parti au pouvoir, Pastef.
« Ce dossier n’a aucun rapport avec ma candidature. De ce qui reste de mon existence, si je ne participe pas à une élection ce serait de ma propre volonté parce que rien ne peut m’empêcher d’être candidat », a lancé Ousmane Sonko mardi soir dans une vidéo, estimant que l’affaire « n’est pas encore finie ».
M. Sonko, devenu Premier ministre depuis avril 2024, a par ailleurs indiqué avoir saisi le ministère de la Justice pour la réouverture de tous les dossiers le concernant.
Il est impliqué dans plusieurs autres affaires judiciaires, qu’il a toujours dénoncé comme des complots visant à l’écarter de la présidentielle de 2024.
Le 1er juin 2023, il a été déclaré coupable de débauche de mineure et condamné à deux ans de prison ferme. Il ne s’était pas présenté au procès et a été condamné par contumace.
Fin juillet 2023, il a été emprisonné sous d’autres chefs d’inculpation, dont appel à l’insurrection, avant d’être libéré quelques jours avant l’élection présidentielle du 24 mars 2024, à la faveur d’une loi d’amnistie.
Au Sénégal, des dizaines de personnes sont mortes – en grande majorité des jeunes – dans des troubles meurtriers qui ont secoué le pays entre 2021 et 2024, en lien notamment avec le bras de fer qui a opposé M. Sonko et l’ex-président Macky Sall.
Avec AFP