Celui que ses supporters appellent « PK », initiales qu’ils arborent sur casquettes et t-shirts, est assuré d’un quatrième mandat.
Lundi, il sera opposé aux mêmes adversaires, Frank Habineza et Philippe Mpayimana, que lors de la dernière présidentielle qu’il avait remportée avec 98,79% des voix. Lors des précédents scrutins de 2003 et 2010, il n’a jamais réuni moins de 93%.
C’est donc plein de ferveur et de certitude que des centaines de milliers de partisans ont afflué dès l’aube pour le dernier meeting de campagne vers Gahanga, quartier du sud de Kigali, sur un terrain de plusieurs hectares planté de centaines de drapeaux rouge, blanc et bleu aux couleurs du FPR et d’une dizaine d’écrans géants.
Des concerts de stars de la musique rwandaise (Bashali, Chriss Eazy…) ont électrisé la foule, composée d’une grande majorité de jeunes – la « génération Kagame » d’un pays où 65% de la population, âgée de moins de 30 ans, n’a pas connu d’autre président.
Paul Kagame dirigeait de facto le Rwanda depuis la fin du génocide des Tutsi en 1994, avant d’accéder à la présidence en 2000. Sous sa direction, le pays a connu un spectaculaire redressement économique, accompagné de progrès dans les domaines de l’éducation, de la santé… Ses détracteurs dénoncent en revanche une répression des libertés, notamment pour l’opposition politique.
« Pour moi, il est comme mes parents », explique Fabrice Nkurunziza, 19 ans, parti de chez lui « à minuit » de la banlieue de Kigali pour venir au meeting.
« Le président a réalisé de nombreuses choses: l’égalité, le développement, la connaissance… C’est à lui que nous devons tout ça, c’est pour ça que je voterai pour lui. Je ne connais pas d’autres candidats ».
Les autres candidats, « ils sont là pour le spectacle », affirme Jean-Marie Munyarukiko, venu du district de Kamonyi, voisin de Kigali.
« Tout Rwandais connaît les réalisations de notre président qui nous ont menés au niveau où nous sommes aujourd’hui. Le monde entier connaît le Rwanda. (…) On ne peut vraiment pas le comparer à ces autres (candidats). C’est lui, lui et rien que lui ! », lance ce coiffeur de 42 ans.
– « Don de Dieu » –
Peu après la mi-journée, après des heures d’attente sous un soleil de plomb, Paul Kagame arrive, accueilli en messie.
Du haut d’une voiture, casquette rouge sur la tête et masque hygiénique sur le visage, il salue la foule, au son de chants à sa gloire: « Paul Kagame nous amène en terre promise », « Il est notre héros, votons pour lui », « Il est le sauveur que Dieu nous a envoyé, merci Kagame »…
« On ne peut pas simuler l’unité, on ne peut pas simuler l’enthousiasme, on ne peut pas simuler une telle foule », lance-t-il, dans ses seules phrases en anglais, aux « 500.000 » présents.
Face à une foule conquise, il égratigne ses critiques, notamment à l’étranger, où des ONG de défense des droits humains et des gouvernements dénoncent régulièrement un régime réprimant les voix dissidentes.
« Il y en a beaucoup qui ne comprennent pas cela (la politique rwandaise, ndlr), surtout les étrangers qui ne sont pas Rwandais, qui disent du mal du Rwanda », déclare-t-il.
« Il existe un ou plusieurs pays qui n’ont que deux partis politiques qui s’échangent le pouvoir. (…) Mais quand il s’agit de l’Afrique, quand il s’agit du Rwanda, on nous dit qu’il faut avoir beaucoup de partis politiques », poursuit-il.
Malgré les détracteurs, « nous continuerons à assurer une bonne sécurité, un développement et une bonne gouvernance basés sur une véritable démocratie », assure-t-il.
Marita Mukadidiye, elle, n’a que faire des critiques.
La seule chose qui inquiète cette septuagénaire drapée dans un umushanana (tenue traditionnelle composée d’une jupe et d’une étole) rouge et bleu, c’est qu’un jour Paul Kagame ne soit plus à la tête du pays.
« Je suis tellement heureuse que nous puissions encore voter pour lui. Il est un don de Dieu. (…) Il nous a sortis du malheur, nous a donné des maisons, de l’électricité, de l’eau et de la nourriture, des soins de santé… Nous avons voté pour lui et nous le ferons encore. »
Avec AFP