RDC : le M23 poursuit son avancée vers des « zones stratégiques », s’inquiète l’ONU

Des membres du groupe armé M23 dans une rue de Goma le 1er février 2025. © AFP

Le groupe armé M23, après avoir pris Goma et Bukavu, poursuit son avancée vers « d’autres zones stratégiques » de l’est de la République démocratique du Congo (RDC), s’est inquiété mercredi l’ONU, soulignant le risque « plus que jamais réel » d’un embrasement régional.

Fin janvier, le mouvement du M23, soutenu par les troupes rwandaises, a pris lors d’une offensive éclair le contrôle de Goma, capitale du Nord-Kivu, avant de poursuivre son avancée vers Bukavu, capitale du Sud-Kivu tombée dimanche.

« Et si nos informations sont correctes, (le M23) continue d’avancer vers d’autres zones stratégiques au Nord et au Sud-Kivu », a déclaré devant le Conseil de sécurité l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU pour la région des Grands Lacs, Huang Xia.

« A ce stade, nous ne connaissons pas les intentions profondes du M23 et de leur soutien, jusqu’où ils iront et pourquoi », mais « le risque d’un embrasement régional est plus que jamais réel », a-t-il souligné. « L’Histoire se répète ».

Les combats des dernières semaines font notamment craindre une répétition de ce que l’on a appelé la deuxième guerre du Congo (1998-2003), impliquant de nombreux pays africains et entraînant des millions de morts par la violence, les maladies et la famine.

La cheffe de la mission de maintien de la paix de l’ONU en RDC (Monusco), Bintou Keita, s’est elle aussi inquiétée de l’avancée du M23, qui est désormais « au point de jonction des trois frontières entre la RDC, le Rwanda et le Burundi ».

« La situation des droits humains dans le Nord et le Sud-Kivu s’est considérablement détériorée », a-t-elle également souligné.

La ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, a elle une nouvelle fois accusé le Rwanda de préparer « un carnage à ciel ouvert » et de vouloir « renverser notre régime par la force », tout en dénonçant l’inaction du Conseil de sécurité pour l’empêcher.

« Ce conseil doit agir, il ne peut plus se contenter d’être un témoin silencieux de la tragédie en cours », a-t-elle plaidé.

Kinshasa réclame notamment des sanctions individuelles contre des responsables politiques et militaires rwandais, un embargo sur les exportations des ressources naturelles en provenance du Rwanda et que les troupes rwandaises ne puissent plus participer aux opérations de maintien de la paix de l’ONU.

L’ambassadrice américaine par intérim, Dorothy Shea, a en partie soutenu cet appel, invitant l’ONU à « réévaluer la capacité du Rwanda » à fournir des Casques bleus s’il ne change pas d’attitude.

« Il est plus que temps pour ce Conseil, l’ONU et la communauté internationale de répondre avec force et sans ambiguïté aux actions du M23 et du Rwanda qui (…) conduisent la région au bord d’une guerre généralisée », a-t-elle insisté.

Fin janvier, la France a lancé des négociations sur un projet de résolution du Conseil, mais elles n’ont pour l’instant pas abouti, en raison notamment de la réticence des pays africains du Conseil à dénoncer clairement Kigali.

La dernière version du texte vue mercredi par l’AFP réclame l’arrêt de l’offensive du M23 et le retrait des troupes rwandaises de RDC « sans préconditions ». Elle évoque également l’éventualité de nouvelles sanctions ciblées contre les dirigeants du M23 et ceux qui le soutiennent depuis l' »extérieur ».

Avec AFP

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