RDC : 42 morts dans un nouveau massacre dans l’est du pays

Des militaires congolais patrouillent à Beni, dans le Nord-Kivu, en décembre 2022. © AFP
Quarante-deux personnes ont été tuées dans une nouvelle attaque dans la nuit de mercredi à jeudi dans la région de Beni, dans l’est de la République démocratique du Congo, attribuée à des rebelles liés au groupe État islamique, selon les autorités locales.

Ce nouveau massacre fait passer à près de 150 le nombre de personnes tuées par les ADF (Forces démocratiques alliés) depuis le début du mois, selon les données des autorités locales et de la société civile.

Le colonel Alain Kiwewa Mitela, administrateur du territoire de Lubero, où a eu lieu l’attaque, a dit à l’AFP que 42 corps avaient été retrouvés après cette tuerie, révisant à la hausse un premier bilan du responsable administratif de la zone, qui avait fait état de « plus de 25 » morts.

Le président de la société civile sur place, Seba Paluku, avait auparavant déclaré à l’AFP avoir compté 41 corps, dont certains « ligotés » et « décapités ».

« Je suis parti avec les militaires jusqu’au lieu du drame », a-t-il expliqué. « Les corps gisent encore sur le sol, il n’y a aucun moyen de les transporter car les véhicules n’y arrivent pas ».

Samuel Kakule, président de la société civile de Mangurujipa, une agglomération proche du lieu de l’attaque, a raconté que « vers 14H00 hier (mercredi), on nous avait informé de la présence de l’ennemi ADF », et que plus tard « ils ont tiré sur la paisible population et les premières victimes ont commencé à arriver à l’hôpital ».

Du 1er au 11 juin, l’organisation État islamique a revendiqué une quinzaine d’attaques sur des villages et des routes proches de Beni. Ils affirment avoir tué 125 personnes, presque exclusivement des civils.

Leon Siviwe, responsable administratif de Beni-Mbau, a fait un décompte d’au moins 109 personnes tuées dans des attaques attribuées aux ADF au cours des dix premiers jours de juin.

Une source sécuritaire a déclaré sous couvert d’anonymat avoir dénombré 138 morts sur la même période.

Les ADF, à l’origine des rebelles ougandais majoritairement musulmans, sont implantés depuis le milieu des années 1990 dans l’est de la RDC, où ils ont tué des milliers de civils.

Ils ont prêté allégeance en 2019 à l’EI, qui les présente comme sa « province d’Afrique centrale » (Iscap), et sont aussi accusés de récentes attaques sur le sol ougandais.

Fin 2021, Kampala et Kinshasa ont lancé contre eux une opération militaire conjointe, baptisée « Shujaa », sans parvenir jusqu’à présent à mettre fin à leurs exactions.

« Sans pouvoir neutraliser les ADF, ces opérations les dispersent en profondeur du territoire congolais où ils s’en prennent aux civils », a expliqué à l’AFP Reagan Miviri, chercheur à l’institut congolais Ebuteli.

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