Juste une dizaine de jours après la brouille diplomatique entre le Mali et son voisin algérien, parrain de l’accord de paix, le président de la transition, le Colonel Assimi Goita, a opté dans son allocution du nouvel an, pour une appropriation nationale du processus de paix dans le pays. Sans pour autant évoquer les funérailles de l’accord signé à Alger en 2015, il donne plutôt la priorité à un dialogue inter-malien pour « éliminer les racines des conflits communautaire et intercommunautaire ».
Dans son discours traditionnel du nouvel an, le Chef de l’État malien a notamment annoncé des grandes réalisations faites par son gouvernement. Il a sommairement dressé le récit des avancées réalisées, celles en cours, mais aussi des défis auxquels le pays est confronté durant cette période transitoire. En outre, dans cette adresse à la nation de plus de 17 minutes, le président Goita s’est projeté dans l’avenir, en faisant des annonces surprises.
Selon lui, l’unité nationale et le vivre-ensemble constituent le socle sur lequel, « nous devrions bâtir toutes les actions pérennes du développement. Nous sommes à une étape charnière de la marche de notre pays vers la paix, la sécurité et le développement ».
Ainsi, pour capitaliser les avancées réalisées dans le cadre du processus de paix et tirant les enseignements des défis qui demeurent, le président a pris l’option de « privilégier l’appropriation nationale du processus de paix. En donnant toutes ses chances à un dialogue direct inter-malien pour la paix et la réconciliation afin d’éliminer les racines des conflits communautaire et intercommunautaire ».
Quel avenir pour l’accord de paix signé en Alger
En tenant compte de son rôle en tant que chef de file de la médiation de l’accord de paix signé entre le Mali et les groupes armés séparatistes, l’Algérie avait voulu recoller les morceaux entre le Mali et certains éléments du CSP-PSD; après la prise de Kidal par l’armée malienne. Cette intervention algérienne avait été jugée par Bamako comme étant des « actes inamicaux et une ingérence dans les affaires intérieures » du Mali. Les deux pays ont réciproquement rappelé leurs ambassadeurs.
Pourtant dans son message du nouvel an, le président malien a précisé que cette décision du dialogue inter malien avait déjà été partagée avec les différents acteurs nationaux et internationaux concernés, dès l’entame de retrait de la mission onusienne. Il estime que cela exige de « nous, maliennes et maliens, que nous nous donnions la main, afin de reconstruire notre pays et assurer la cohésion nationale ».
« L’unicité, la laïcité de l’État et l’intégrité territoriale, ne feront pas partie des sujets de discussions » durant ce dialogue inter-malien pour la paix et la réconciliation, a-t-il souligné.
L’équipe devant piloter ce processus de paix à vocation nationale, sera mise en place dans un délai d’un mois et présentera son rapport au président d’ici le mois de février, selon le chef de l’État.
Mohamed Camara / Malikonews.com