Plusieurs milliers de militants du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), la principale formation d’opposition du pays, ont manifesté pacifiquement samedi à Abidjan pour réclamer la réinscription sur la liste électorale de candidats exclus de la course à la présidentielle d’octobre, dont leur président Tidjane Thiam.
Radié de la liste par la justice pour des problèmes de nationalité, M. Thiam ne peut pas se présenter au scrutin du 25 octobre, comme d’autres figures de l’opposition ce qui nourrit des tensions dans la classe politique.
Samedi matin, les militants du PDCI, habillés aux couleurs vertes et blanches du parti, ont bravé la pluie pour défiler jusqu’à la Commission électorale indépendante (CEI), l’organe chargé d’organiser le scrutin.
« Tithi président », « CEI corrompue », « justice corrompue », pouvait-on entendre dans le cortège, selon des journalistes de l’AFP.
Les manifestants ont été bloqués à une centaine de mètres de la CEI par un important cordon policier, sans heurts.
Seuls quelques cadres du parti ont pu entrer dans le siège de l’institution pour remettre un courrier.
Hors de Côte d’Ivoire depuis trois mois, car il estime que sa liberté de mouvement n’est pas garantie, Tidjane Thiam n’était pas lui-même présent à cette manifestation.
« Nous dénonçons avec force la radiation arbitraire et injustifiée du président Thiam, ainsi que des autres leaders majeurs de l’opposition », a déclaré le secrétaire exécutif du PDCI, Sylvestre Emmou.
« Cela est inacceptable, dangereux pour la paix et la démocratie dans notre pays », a-t-il ajouté.
L’ex-président Laurent Gbagbo, son ancien bras droit Charles Blé Goudé et l’ancien Premier ministre en exil Guillaume Soro sont eux aussi exclus de la course à la présidentielle pour des condamnations en justice.
« Nous considérons ces radiations (…) comme des manoeuvres dolosives pour éliminer des adversaires politiques importants de notre pays au moyen d’artifices juridiques inopérants », a poursuivi Sylvestre Emmou, appelant notamment à la réintégration « sans conditions » des leaders radiés.
Régulièrement épinglée par l’opposition, la CEI réfute toute collusion avec le parti au pouvoir et affirme appliquer la loi. Le pouvoir assure pour sa part n’avoir aucune influence sur les décisions de justice.
Le président Alassane Ouattara, au pouvoir depuis 2011, ne s’est pas encore prononcé sur son intention de briguer un quatrième mandat, mais devrait être investi par son parti les 21 et 22 juin, lors d’un congrès.
Avec AFP