Pouvoirs africains : Élites protégées, citoyens sacrifiés

Pouvoirs africains : Élites protégées, citoyens sacrifiés. © DR

À travers des partenariats opaques et des privilèges scandaleux accordés aux élites, les dirigeants africains continuent de s’éloigner des réalités de leurs peuples. En Côte d’Ivoire comme ailleurs sur le continent, les classes dirigeantes se protègent derrière des avantages luxueux pendant que les citoyens, eux, manquent de soins, de justice et d’écoute. Une fracture sociale grandissante qui alimente une colère populaire désormais impossible à ignorer.

Quand les privilèges écrasent la réalité du peuple

Alors que l’Afrique affronte d’immenses défis sociaux, économiques et sanitaires, les priorités de certains dirigeants témoignent d’une indifférence criante. En Côte d’Ivoire, la récente signature d’une convention entre la compagnie aérienne Corsair et plusieurs institutions publiques a provoqué une onde de choc. Le but ? Offrir des réductions tarifaires pour des voyages et des soins médicaux à l’étranger… mais uniquement à une poignée de hauts fonctionnaires et à leurs familles.

Ce partenariat, loin d’être anodin, illustre une tendance de plus en plus inquiétante, celle d’une classe dirigeante qui confond pouvoir et passe-droit, gestion publique et confort personnel. Tandis que les hôpitaux ivoiriens peinent à fournir des soins de base à la majorité de la population, les élites, elles, s’assurent un accès privilégié aux établissements médicaux les plus prestigieux d’Europe.

Une convention honteuse : symbole d’un mépris institutionnalisé

Les termes de l’accord sont édifiants. Réductions sur les billets d’avion pour Paris, accès facilité à l’Hôpital américain, un luxe inatteignable pour le citoyen lambda. Rien dans ce texte n’évoque un quelconque engagement à renforcer les infrastructures de santé en Côte d’Ivoire. Rien sur l’équipement des hôpitaux locaux, sur la formation du personnel, ou encore sur l’accès aux médicaments essentiels.

Pendant que les dirigeants s’assurent des soins cinq étoiles, des milliers d’Ivoiriens meurent faute de prise en charge adéquate. Ce contraste insoutenable alimente un ressentiment populaire de plus en plus fort.

La réaction ne s’est pas fait attendre. Sur les réseaux sociaux, dans la rue, dans les débats citoyens, l’indignation monte. Les justifications habituelles : « voyages professionnels », « missions diplomatiques », « nécessité de représenter le pays à l’international » ne passent plus. Le peuple n’est plus dupe. Il voit clairement que derrière ces partenariats de luxe se cache une gestion des affaires publiques centrée sur l’élite, au détriment de la majorité.

En 2025, la population est plus éduquée, plus connectée, et surtout plus exigeante. Elle demande des actes, pas des discours. Et elle réclame une refondation morale de la gouvernance.

Un mal panafricain : le fossé grandissant entre gouvernants et gouvernés

Ce qui se passe en Côte d’Ivoire n’est malheureusement que le reflet d’un malaise généralisé à l’échelle du continent. De Dakar à Kinshasa, de Bamako à Yaoundé, le scénario se répète. Des dirigeants qui s’enrichissent, s’éloignent de leur peuple, et refusent de rendre des comptes. Une caste politique protégée, nourrie par les ressources publiques, pendant que les citoyens survivent dans la précarité.

Cette fracture entre les élites et la population est en train de devenir une bombe sociale. Le temps du silence et de la soumission est révolu. L’Afrique n’est plus cette terre où l’on accepte tout sans broncher. Les peuples veulent des dirigeants responsables, présents, et surtout redevables.

L’Afrique à la croisée des chemins

L’attitude des dirigeants africains face aux préoccupations de leurs citoyens n’est malheureusement pas unique à la Côte d’Ivoire. Dans de nombreux pays du continent, les élites continuent de vivre dans une bulle de privilèges, détachées des réalités de la population.

Aujourd’hui, l’Afrique ne manque ni de ressources, ni de talents, ni d’idées. Ce qui lui manque, cruellement, c’est une élite politique intègre, visionnaire, et réellement au service du bien commun.

Les dirigeants ont un choix clair, soit ils prennent enfin la mesure des attentes de leur peuple et gouvernent avec justice et équité, soit ils devront affronter une contestation populaire dont l’intensité ne cesse de croître. Car l’Afrique de 2025 n’est plus celle d’hier ; elle est debout, éveillée, et déterminée à ne plus se contenter de miettes.

Il ne s’agit plus de simples revendications, c’est un cri, un ultimatum. Et il est temps que ceux qui détiennent le pouvoir écoutent, avant qu’il ne soit trop tard.

Manda CISSE

 

Auteur/Autrice

Également :

Autres articles