Le monde de la culture est bouleversé par l’annonce du décès de Ousmane Sow, comédien, metteur en scène et auteur d’œuvres cinématographiques et théâtrales, ce vendredi 20 septembre.
« Les années passent… Je n’étais plus le débutant que le destin avait précipité dans les bras du théâtre, dans la gueule du monstre j’allais dire. Le théâtre et ma vie fusionnaient, ne faisaient plus qu’un. Je tenais bon. Je pliais, mais ne rompais pas. Je ne reculais plus. J’avais atteint le point de non-retour. J’avançai et me hissai sur le piédestal, scruta avec condescendance l’environnement hostile à mon métier », ce passage est tiré du livre autobiographique « Quarante petites années de théâtre », de Ousmane Sow.
Depuis l’annonce de la disparition de ce « monument de l’écriture », les témoignages de ses confrères fusent de partout, ce vendredi. Boubacar Sidibé, réalisateur de cinéma, a indiqué dans une publication sur sa page Facebook, que « j’ai eu la chance de réaliser les 40 épisodes de la situation de comédie Badjènè que le maestro Ousmane Sow a écrit ».
Ousmane Sow a notamment écrit les œuvres adaptées au cinéma et au théâtre, telles que «Bogodjeninen kan, Wari, Bougouniéré, Féréké Niamibougou, Dougouba, Badjènè etc »
« Témoin du travail que tu as fait pour montrer au public les richesses du patrimoine culturel malien et africain, je te décerne ce témoignage de satisfaction à titre posthume pour services rendus à la Nation pour la défense de notre bien le plus précieux : notre culture », a surtout précisé le réalisateur Sidibé.
Le comédien Ismael Mamadou N’diaye a, de son côté déclaré sur sa page Facebook que « le Monsieur qui a fait de [moi] Ismaël un comédien et acteur, […] s’est éteint aujourd’hui, va en paix, tu resteras gravé dans nos cœurs que Dieu t’accueille dans son paradis. Merci Chef, un grand merci à toi Chef pour tout l’effort que tu as fait pour moi. »
Ousmane Sow, le fondateur du groupe légendaire « Kotéba »
Alioune Ifra N’Diaye, un acteur culturel a, par ailleurs fait un rappel historique, « dans les années 1980, un groupe de comédiens s’est distingué de façon singulière en adaptant aux exigences de la scène moderne le Kotéba. Le kotéba est une forme traditionnelle de satire sociale jouée sur le mode burlesque dans les villages de l’aire mandingue, avec une part importante d’improvisation. » Il poursuit, « le metteur en scène Ousmane Sow a été un leader de ce mouvement avec ses spectacles de koteba « wari », féréké niamibougou, etc… Le surnom Guimba du célèbre comédien Habib Dembélé vient d’ailleurs d’un de ses spectacles. Ce mouvement artistique a joué un grand rôle dans la conscientisation du Mali de ce moment.»
« Ousmane Sow m’a donné l’autorisation de m’inspirer de son spectacle wari pour écrire et mettre en scène le spectacle de koteba « Tanyinibougou ». Il m’a inspiré dans mon travail de recherche et de production théâtrales. Parce qu’il a été un de mes repères dans la construction de mes points de vue artistiques et culturels », a-t-il témoigné. Avant de faire cet adieu poignant « Ousmane, tu n’as pas vécu inutile. Tu as été un acteur important de l’histoire de l’art malien. Nous te promettons de garder le flambeau haut. »
Mohamed Camara / Malikonews.com
