Nigeria : une centaine de morts dans des affrontements entre un gang et des forces de sécurité

Nigeria : une centaine de morts dans des affrontements entre un gang et des forces de sécurité. Archives © AFP

Des forces de défense locales soutenues par le gouvernement de l’État de Zamfara, dans le nord-ouest du Nigeria, ont donné l’assaut contre un bastion d’un gang criminel, tuant plus d’une centaine de ses membres sans toutefois réussir à neutraliser leur chef, Bello Turji, connu pour ses atrocités, a appris l’AFP mercredi.

Mardi, des membres de la Garde civile de protection de Zamfara (CPG), une milice gouvernementale, ont pris d’assaut le bastion de Bello Turji, un chef de gang notoire, et ont engagé ses combattants dans une fusillade qui a duré plusieurs heures et qui a fait « plus de 100 » morts parmi les bandits, a déclaré Ahmad Manga, conseiller à la sécurité du gouverneur de l’État de Zamfara.

La CPG était soutenue par la police secrète nigériane (DSS) et des milices anti-djihadistes de l’Etat de Borno, dans le nord-est, où elles aident l’armée à combattre les groupes jihadistes, a déclaré M. Manga.

« La coalition a mené le combat dans le fief de Turji, dans le district de Shinkafi, où il a perdu plus de 100 combattants », a déclaré M. Manga.

Depuis des années, des gangs criminels lourdement armés, que les habitants appellent des « bandits », intensifient leurs attaques dans le nord-ouest et le centre du pays en toute impunité, tuant des milliers de personnes et en kidnappant d’autres pour obtenir une rançon.

Les violences, qui ont débuté par des affrontements entre éleveurs peuls et agriculteurs pour le contrôle des ressources, ont évolué vers un conflit plus large alimenté par le trafic d’armes.

La coopération croissante entre les gangs criminels motivés par l’appât du gain et les djihadistes qui mènent depuis 16 ans une insurrection armée pour instaurer un califat dans le nord-est a aggravé la situation et intensifié les attaques.

L’attaque a été menée par Bashari Maniya, un ancien bandit repenti qui aidait l’armée et la milice à lutter contre les gangs, a déclaré M. Manga.

– Bello Turji, « mort ou vif » –

« L’attaque visait à capturer Turji, mort ou vif. Tout le monde en a assez de ses atrocités », a-t-il ajouté.

Au fil des années, Turji a pris le contrôle des districts d’Isa, Goronyo et Sabon Birni, où il impose des taxes aux communautés et mène des raids meurtriers contre celles qui refusent de payer, sans épargner femmes ni enfants.

En mai, il avait contraint plus de 5.000 villageois à fuir leurs foyers après qu’il les a menacés de les attaquer.

Une source sécuritaire a confirmé l’affrontement de mardi, affirmant que Turji avait été informé à l’avance de l’invasion prévue et avait invité des combattants d’autres camps de bandits pour repousser l’attaque.

« Beaucoup de bandits ont été tués et il sera difficile de donner un nombre exact, mais le bilan est assez lourd », a déclaré la source sécuritaire qui a demandé à rester anonyme.

Au moins 20 membres des milices et des groupes d’autodéfense ont été tués dans les combats, dont Bashari Maniya, ont déclaré Manga et la source sécuritaire.

Dans une vidéo en ligne vue mardi par un journaliste de l’AFP, Turji était vu en train de jubiler avec ses hommes armés de fusils devant les corps éparpillés d’au moins neuf membres de la milice tués dans les combats.

Turji a identifié l’un des corps comme étant celui de Bashari Maniya dans la vidéo.

Bello Turji, 31 ans, a abandonné l’élevage pour se livrer au vol de bétail et aux enlèvements contre rançon en 2011 dans sa ville natale de Shinkafi, terrorisant les communautés de Zamfara et de l’État voisin de Sokoto.

Le chef de gang avait conclu plusieurs accords de paix avec les autorités de l’État de Zamfara, mais il est revenu sur sa parole et a repris ses attaques contre les communautés.

En février 2021, Turji est apparu dans une vidéo largement diffusée dans laquelle il menaçait d’inviter des gangs étrangers à déstabiliser le Nigeria.

Il a survécu à plusieurs offensives militaires, notamment à des frappes aériennes sur ses camps en décembre 2021, qui ont tué son frère et d’autres membres de sa famille.

Redouté par les populations et vénéré par ses hommes, certains le croient doté de pouvoirs surnaturels.

Avec AFP

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