Au moins 50 personnes ont été tuées dans deux attaques dimanche soir dans le centre du Nigeria, secoué par des affrontements meurtriers intercommunautaires récurrents, ont indiqué lundi à l’AFP un responsable de la Croix-Rouge et plusieurs habitants.
« Je peux vous confirmer que 47 personnes sont mortes, 22 autres ont été blessées et transportées à l’hôpital, cinq maisons ont été brûlées ainsi que d’autres objets de valeur », a déclaré le représentant de la Croix Rouge, qui a souhaité garder l’anonymat.
Les attaques ont eu lieu dans les village de Zike and Kimakpa, dix jours après des attaques similaires qui ont fait plus de 40 morts dans la même zone, l’Etat du Plateau, situé entre le nord du Nigeria, majoritairement musulman, et le sud, majoritairement chrétien, et théâtre de flambées de violences ethniques et religieuses régulières.
Danjuma Dickson Auta, secrétaire national de l’association de développement des Irigwe, a confirmé ce bilan. Les violences « se sont déroulées vers 20H et ont fait 47 morts et de nombreux blessés », a–t-il déclaré.
– « Ils ont tiré à l’aveugle » –
« Les assaillants non identifiés sont entrés dans le village et ont tiré à l’aveugle. Ils ont tué huit personnes, d’autres ont été blessées et des maisons ont été incendiées », a indiqué à l’AFP Dorcas John, une habitante du village de Zike.
M. John Adamu, un résident de Kimakpa, l’autre village attaqué, dit avoir entendu plusieurs coups de feu. « Ils ont quitté Zike pour se rendre à Kimakpa, où ils ont tué 39 personnes et d’autres ont été blessées », a-t-il déclaré.
Les autorités locales ont condamné les attaques sans donner de bilan dans l’immédiat.
« Cette série d’attaques représente une menace existentielle pour la vie et la subsistance des habitants qui vivent paisiblement dans l’État », a indiqué à l’AFP Joyce Ramnap, responsable de la communication de l’Etat du Plateau.
« C’est affligeant que, moins de deux semaines après la mort de nos concitoyens dans la circonscription de Bokkos, ce triste incident se produise dans une autre communauté », a-t-elle ajouté. Début avril dans cette circonscription du centre du pays, des hommes armés y ont tué plus de 40 personnes, « pour la plupart des femmes et des enfants », a-t-elle souligné.
L’ONG Amnesty International a condamné les dernières tueries et a appelé le président nigérian Bola Tinubu à mettre en place une commission indépendante « pour enquêter sur l’échec apparent des agences de sécurité à mettre fin à l’effusion de sang ».
« Les auteurs présumés doivent être traduits en justice », a indiqué Isa Sanusi, directeur d’Amnesty International au Nigeria, à l’AFP.
– Tensions foncières –
La semaine dernière, des militaires ont retrouvé le corps décapité d’un éleveur peul de 16 ans, porté disparu dans la circonscription de Bassa. Son bétail avait également été volé.
Avec l’augmentation de la population, la superficie des terres exploitées par les agriculteurs a augmenté, alors que les pâturages sont mis à rude épreuve par le changement climatique, dans le nord-ouest et le centre du Nigeria.
L’accaparement des terres, les tensions politiques et l’exploitation minière illégale aggravent les conflits.
L’enchaînement de meurtres suivis d’actes de représailles a donné naissance dans la région à une criminalité plus large avec des gangs qui mènent des expéditions ciblées dans des villages, kidnappent en masse et pillent.
Une attaque dans le village de Ruwi, fin mars, dans des circonstances similaires à celles de mercredi, avait fait dix morts. Des hommes non identifiés « avaient surgi dans le village et tiré à plusieurs reprises », avait rapporté à l’AFP un responsable du village, Moses John.
La tension est montée dans l’Etat depuis que 200 personnes y ont été tuées en décembre 2023 lors d’une attaque contre un village à majorité chrétienne.
En mai l’an dernier, une quarantaine de personnes avaient été tuées et des maisons avaient été incendiées dans la localité de Wase.
Ces exactions dans l’Etat du Plateau sont l’un des multiples défis sécuritaires auxquels est confronté le président du pays le plus peuplé d’Afrique.
Avec AFP