Très ancré dans cette région du Nigeria frontalière avec le Cameroun, Boko Haram est connu pour avoir utilisé des femmes kamikazes dans sa lutte armée pour établir un califat dans le nord-est nigérian à l’encontre de cibles faciles comme des marchés, des écoles, des mosquées, des églises et de grands rassemblements de civils.
Dernièrement, les attentats-suicides s’étaient fait rares au Nigeria, les combattants jihadistes préférant d’autres modes d’action (kidnappings, tueries, pillages…).
Samedi après-midi, un attentat-suicide a dans un premier temps fait six morts lors d’un mariage, selon la police.
– Femme kamikaze –
Une kamikaze, qui portait un bébé sur le dos, a déclenché des explosifs au milieu des invités qui festoyaient juste après avoir assisté à un mariage dans la ville de Gwoza, a déclaré à l’AFP Nahum Kenneth Daso, porte-parole de la police de l’État de Borno.
« Vers 3 heures de l’après-midi, une première explosion de bombe à Gwoza s’est produite, déclenchée par une femme kamikaze en plein milieu d’un mariage », a indiqué Barkindo Saidu, responsable des services de secours locaux (SEMA) qui se trouvait à Gwoza pendant les attaques, dans un rapport lu par un journaliste de l’AFP.
« Jusqu’à présent, 18 personnes, dont des enfants, des hommes, des femmes et des femmes enceintes, ont été tuées dans les attaques », a précisé le rapport, ajoutant que 19 victimes « gravement blessées » ont été transportées dans quatre ambulances vers la capitale régionale Maiduguri, tandis que 23 autres attendent d’être évacuées.
– L’ombre de Boko Haram –
Alors que les prières funéraires pour les victimes de l’attentat du mariage se poursuivaient, une autre femme kamikaze « s’est précipitée et a fait exploser un autre engin qui a fait de nombreuses victimes », a indiqué le rapport.
Quelques minutes plus tard, une explosion « d’un autre engin par une adolescente » a eu lieu aux alentours de l’hôpital général de la ville, a ajouté M. Saidu dans son rapport.
Un membre de la milice anti-jihadiste qui assiste l’armée dans la ville et qui a confirmé les multiples attaques-suicides a déclaré que deux de ses camarades et un soldat avaient par ailleurs été tués dans un autre attentat suicide visant un poste de sécurité. Ce bilan n’a pas été confirmé de source officielle.
Boko Haram s’était emparé de Gwoza en 2014 et l’avait déclarée califat après s’être emparé d’une partie de l’Etat de Borno.
La ville a été reprise par l’armée nigériane avec l’aide des forces tchadiennes en 2015, mais le groupe jihadiste continue de lancer des attaques depuis les montagnes surplombant la ville, à la frontière avec le Cameroun.
Boko Haram continue de mener des raids dans la région, tuant les hommes et enlevant les femmes qui s’aventurent hors de la ville à la recherche de bois de chauffage.
Les violences jihadistes, qui durent depuis 15 ans, ont fait plus de 40.000 morts et en ont déplacé environ deux millions dans le nord-est du pays.
Le conflit s’est étendu au Niger, au Cameroun et au Tchad voisins, donnant lieu à la création d’une coalition militaire régionale pour combattre les islamistes, la Force multinationale mixte (FMM), composée des armées des quatre pays.
Si Boko Haram a perdu du terrain ces dernières années, les combattants jihadistes continuent d’attaquer régulièrement les communautés rurales du Nigeria.
Avec AFP