Les assises nationales au Niger ont proposé jeudi au terme de leurs travaux « une durée de cinq ans renouvelables » pour conduire la transition en cours depuis le coup d’État de 2023, et la « possibilité » pour les dirigeants du régime militaire de se présenter aux prochaines élections.
« La refondation (terme utilisé désormais en lieu et place de transition) se fera sur une durée de 60 mois, c’est-à-dire cinq ans à compter de la date de l’adoption de la Charte », a indiqué Me Bibata Niandou, une participante, lors d’une cérémonie retransmise en direct sur la télévision d’Etat.
L’évènement a eu lieu en présence du chef du régime militaire du Niger, le général Abdourahamane Tiani, qui devra valider cette proposition et a salué un « nouveau départ » pour le pays.
Les assises ont réuni du 15 au 19 février 716 participants civils et militaires pour notamment fixer la durée de la transition.
« Il s’agit d’un procédé inédit, porteur d’un espoir raisonnable pour un nouveau départ que s’offre notre pays », a déclaré lors de la cérémonie le général Tiani. « Vous avez joué votre partition, je jouerai la mienne sans faiblesse », a-t-il promis sous un tonnerre d’applaudissements.
Les assises ont formulé « des résolutions » précisant que la durée de la transition peut « évoluer en fonction » notamment de « la situation sécuritaire » et « l’agenda de la Confédération des États du Sahel », dans laquelle sont réunis le Niger, le Mali et le Burkina Faso, deux pays voisins également dirigés par des régimes militaires.
Mamoudou Harouna Djingarey, qui a présidé les assises, a mentionné « la possibilité » pour les « dirigeants des organes » de la transition « de se présenter aux futures élections ».
Les conclusions des travaux proposent par ailleurs de conférer le « titre de président de la république » au général de brigade Tiani et de « l’élever au grade de général d’armée » en raison de son « leadership » dans la conquête de « la souveraineté » du Niger, ancienne colonie française.
Elles proposent également « une amnistie pour les auteurs du coup d’État du 26 juillet 2023 » qui a chassé le président civil élu Mohamed Bazoum.
Des « grâces » sont également envisagées pour de nombreux militaires condamnés pour « tentatives de déstabilisation » du pouvoir au cours des dix dernières années.
Début 2024, des concertations se sont tenues dans les huit régions du pays pour préparer ces assises et le régime militaire avait annoncé un retour à l’ordre constitutionnel « dans les meilleurs délais ».
Des médias étrangers n’ont pas été accrédités pour couvrir l’évènement.
L’Ordre des avocats du Niger avait lui annoncé qu’il s’abstiendrait de participer à ces assises.
Avec AFP