Montée en puissance de la cybercriminalité en Afrique, selon Interpol

Montée en puissance de la cybercriminalité en Afrique, selon Interpol. © IM

Escroqueries en ligne, rançongiciels et sextorsion numérique: la cybercriminalité est en forte recrudescence en Afrique de l’Ouest et de l’Est, constituant plus de 30% de tous les crimes signalés malgré l’amélioration opérationnelle des moyens de lutte, a annoncé Interpol.

Cette « forte augmentation » du crime en ligne est l’objet du rapport annuel de l’évaluation des cybermenaces africaines par l’organisation internationale de police criminelle, qui a publié lundi le document sur son site.

« Elle dresse un tableau clair du paysage des menaces en constante évolution avec des dangers émergents comme la fraude par intelligence artificielle, qui exigent une attention urgente », a déclaré Neal Jetton, le directeur de la cybercriminalité d’Interpol, dans un communiqué.

« Les alertes aux escroqueries (en ligne) présumées ont augmenté jusqu’à 3.000% dans certains pays africains » dans l’année écoulée, selon le document, notamment avec un nombre accru de rançongiciels d’entreprises provenant essentiellement du continent africain lui-même.

Ces logiciels malveillants bloquent l’accès à l’ordinateur ou à des fichiers en les cryptant, permettant à leurs utilisateurs de réclamer aux victimes le paiement d’une rançon pour en obtenir de nouveau l’accès.

Près de 18.000 cyberattaques ou tentatives ont été détectées en Afrique du Sud et plus de 12.000 au Kenya, deux économies considérées comme « fortement numérisées », selon la même source.

Certaines ont touché « des infrastructures essentielles », comme l’Autorité des routes urbaines du Kenya (KURA) et le Bureau national des statistiques du Nigeria (NBS) », indique le rapport.

L’augmentation de ces menaces s’ajoute à celle des signalements de sextorsion numérique, du chantage en ligne via des images sexuellement explicites, qui touchent une grande majorité des pays africains membres d’Interpol.

Malgré la multiplication des cas, ces pays « manquent encore d’infrastructures informatiques essentielles » pour lutter contre la cybercriminalité, comme un « système de signalement » ou « une base de données de renseignements sur les cybermenaces », note l’organisation.

En revanche, nombre d’entre eux ont « amélioré leurs cadres juridiques en harmonisant leurs lois sur la cybersécurité avec les normes internationales », et renforcé leurs capacités opérationnelles en investissant dans « des unités spécialisées », selon la même source.

Coordonnées par Interpol, deux opérations internationales de lutte contre la cybercriminalité – baptisées Serengeti et Carton rouge – ont ainsi permis plus de 1.000 arrestations et le démantèlement de centaines de milliers de réseaux malveillants, conclut le communiqué.

Le coût de la cybercriminalité dans le monde a dépassé les 8.000 milliards de dollars américains en 2023, selon le site Statista.

Créée en 1923, Interpol, dont le siège mondial est à Lyon (France), compte à ce jour 196 pays membres.

Avec AFP

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