L’imam Bandiougou Traoré a été placé sous mandat de dépôt, ce jeudi 4 janvier à Bamako, pour « incitation à la violence » et « trouble à l’ordre public ». Cette inculpation de l’imam Traoré intervient après celle du prêcheur Chouala Bayaya Haidara, en mi-décembre dernier.
Toute la crème de la musique malienne était à Kayes, en cette fin de décembre pour le festival « Kayes Kunben », initié par Fatoumata Batouly Niang, présidente du mouvement « Anbi Ko ». La célébration de ce festival n’a pas été appréciée par l’Imam Bandjougou Traoré, qui a fait un sermon spécial au cours duquel il a évoqué son « extravagance ». Dans une vidéo devenue virale, le jeune imam, n’a pas été du tout tendre avec l’initiatrice du festival et certaines personnalités ayant participé à la 1ère édition de cette manifestation culturelle.
Selon lui, la somme engloutie dans cette « gabegie » aurait pu servir à réhabiliter la route Bamako-Kayes. Avant cela, l’imam avait vu accroître sa popularité sur les réseaux sociaux à travers ses sermons critiquant la gestion des crises énergétique et politique du pays.
Il a été interpellé ce 4 janvier par la Brigade d’investigation judiciaire et placé sous mandat de dépôt après avoir été présenté au procureur du pôle de lutte contre la cybercriminalité au Mali. Il est notamment poursuivi pour « incitation à la violence » et d’avoir tenu « des propos troublant l’ordre public », son procès est prévu pour ce 7 mars.
Des arrestations et interpellations en cascade au Mali
Son passage devant le procureur du pôle de lutte contre la cybercriminalité a coïncidé également avec celle de l’ artiste Adja Soumano qui avait aussi fait une vidéo invitant les autorités à mieux « écouter les préoccupations des maliens.” Avant d’être autorisée à rentrer chez elle, après son audition.
Cette arrestation de l’imam Bandiougou Traoré intervient après celle d’un autre leader religieux en l’occurrence Chouala Bayaya Haïdara, il y’a moins d’un mois. Le guide spirituel de l’association « Hizbou Rahamane » a été poursuivi pour « atteinte au crédit de l’État et propos tendant à troubler l’ordre public », son procès est prévu pour le 12 mars prochain.
Cette série d’arrestations et interpellations rappellent en effet les placements sous mandat de dépôt de certains leaders d’opinions maliens qui croupissent en prison depuis un certain temps pour avoir proféré des propos sur la gestion du pays. C’est le cas notamment de Ras Bath, et Ben « le Cerveau », qui était pourtant l’un des soutiens des autorités de la transition.
L’expert indépendant des Nations Unies pour les droits de l’Homme, Alioune Tine a exprimé sa préoccupation sur un média, face à ce qu’il qualifie de « rétrécissement de l’espace civique et politique » au Mali.
Mohamed Camara / Malikonews.com