La 1ère réunion du comité de pilotage du projet « réhabilitation et valorisation des bâtiments protégés à Tombouctou » s’est tenue ce 14 décembre au département de la culture. Les différentes parties impliquées dans la gestion de ce projet, notamment le fonds au profit des victimes, l’Unesco, les partenaires techniques et financiers à travers l’ambassade de l’Allemagne et les communautés de Tombouctou ont fait ce point de rencontre pour relancer le processus de réparation des lieux saints détruits durant l’invasion terroriste de 2012.
Suite à la destruction des mausolées et de la porte sacrée de la mosquée Sidi Yéhia de Tombouctou en 2012, le gouvernement du Mali a saisi la Cour pénale internationale pour mener des enquêtes sur les crimes commis contre les monuments protégés et inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Les enquêtes ont abouti à un premier procès à l’encontre d’Ahmad Al Faqi Al Mahdi. Il purge une peine de 9 ans au Royaume-Uni.
Le fonds au profit des victimes a été mis en place en août 2017 par la CPI au terme du procès pour crime de guerre, pour des faits de destruction dirigés intentionnellement contre des bâtiments religieux et historiques, dont Ahmad Al Faqi Al Mahdi a été reconnu coupable et pour lequel il a été condamné au paiement de 2 700 000 euros, soit un peu moins de 1 milliard 800 millions de francs CFA, en faveur des victimes de son crime. En raison de l’insolvabilité de l’accusé, les ressources ont été mobilisées grâce au concours de l’Allemagne, du Canada, de l’Italie, du Royaume de Norvège. Le fonds permettra de mettre en œuvre un programme de réparation qui intègre des réparations individuelles et collectives allant de l’indemnisation à la réhabilitation des bâtiments protégés en passant par des mesures symboliques, économiques et psychologiques.
La destruction des mausolées de la ville sainte du Mali
En 2012, plusieurs bâtiments de Tombouctou, dont 14 des 16 mausolées qui composent le site du patrimoine mondial, ont été détruits pendant l’invasion jihadiste du nord du pays. Des attaques ont aussi visé le monument Al-Farouk, qui a été complètement démoli. Selon les estimations, 4 203 manuscrits entreposés à l’Institut des hautes études et de recherches islamiques Ahmed-Baba ont été brûlés ou volés par des groupes armés, rapporte un document de l’Unesco datant de 2020.
Selon ce rapport de l’Unesco, « Après l’adoption de la résolution 2100 du Conseil de sécurité des Nations Unies en 2013, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali – Minusma a collaboré avec l’Unesco pour assurer la protection des sites du patrimoine culturel du Mali. Pour la première fois, une résolution reconnaissait la protection du patrimoine culturel comme faisant partie intégrante des efforts de maintien de la paix. L’Unesco a donc formé le personnel africain et européen de la Minusma chargé du maintien de la paix à reconnaître le patrimoine culturel et appliquer les lois internationales en la matière. Avec le soutien de nombreux partenaires techniques et financiers, le programme mis en place par l’Unesco est parvenu à reconstruire les mausolées au prix d’un effort commun, consacré par leur réouverture au public trois années après leur destruction ».
Avant la chute de Tombouctou aux mains des groupes armés, environ 30 000 de ces manuscrits étaient conservés à l’Institut des hautes études et de recherches islamiques Ahmed Baba fondé en 1973 par le gouvernement malien. Possession des grandes lignées de la ville, ces manuscrits, les plus anciens remontant au 12ème siècle, sont conservés comme des trésors de famille dans le secret des maisons, des bibliothèques privées, sous la surveillance des anciens et d’érudits religieux. Ils sont pour la plupart écrits en arabe ou en peul, par des savants originaires de l’ancien empire du Mali.
Mohamed Camara / Malikonews.com