Mali : la suspension sine die des activités des partis politique par les autorités suscitent de vives réactions

L'ancien Premier ministre Moussa Mara. © DR

Par un décret signé par le président de la transition, le Colonel Assimi Goita, et le chef du gouvernement ainsi que des ministres, les activités des partis politiques et les associations à caractère politique sont suspendues jusqu’à nouvel ordre sur tout le territoire malien pour des raisons d’ordre public. La nouvelle a été rendue publique par le porte-parole du gouvernement, ce mercredi 10 avril, à travers un point de presse.

Les activités des partis politiques et des associations à caractère politique sont mises en sourdine au Mali, depuis ce mercredi, par les autorités, pour des raisons d’ordre public et sécuritaire. Cette décision intervient au moment où le débat s’intensifie sur la fin de la transition, plus d’une quarantaine d’organisations politiques du pays, avaient même appelé les autorités à organiser les élections, dans une déclaration commune, fin mars.

Pour autant, une requête de deux associations des magistrats est d’ores et déjà devant la cour constitutionnelle, depuis ce 28 mars, aux fins de constatation de vide institutionnel pour vacance de la présidence de la transition militaire et déchéances de ses organes et de mise en place d’une transition civile de mission.

Dans sa communication devant les journalistes, le colonel Abdoulaye Maiga, le porte-parole du gouvernement, a notamment affirmé que « la reprise de la Kidal, en novembre 2023, des mains des terroristes, ainsi d’autres localité » ne signifie pas la fin du terrorisme. Selon ses propos, d’autres défis sécuritaires sont à relever, il explique  que les débats menés par les partis politiques du pays sont « stériles » tout en les qualifiant de “subversion”.

Pour rappel, des partis politiques et associations à caractère politique ont été récemment dissous, certains sont assignés en justice aux fins de dissolution. La CMAS de l’imam Dicko, l’association Kaoural renouveau ainsi que l’association estudiantine, AEEM, toutes ces organisations dont les deux premières s’opposaient aux autorités, ont été dissoutes parallèlement par le patron du département de l’administration territoriale. Quant à l’AEEM, la raison de sa dissolution est liée aux violences perpétrées dans le milieu universitaire.

Des vives réactions

Par ailleurs, depuis la communication de cette décision de suspension sine die des activités des partis politiques et des associations à caractère politique, des voix se sont successivement levées pour protester contre cette décision des autorités, certains allant jusqu’à crier de l’instauration « d’une nouvelle dictature militaire » au Mali. Mais d’autres affichent leur totale adhésion à cette décision gouvernementale, à l’image des partisans du régime.

 Cette suspension des activités des partis politiques, décidée par les autorités de la transition est “une atteinte aux droits constitutionnels des citoyens”, selon le candidat désigné du parti YELEMA à la prochaine élection présidentielle, Moussa Mara. L’ancien chef du gouvernement a précisé dans sa réaction que cette décision est surtout « un recul majeur dans la quête de l’unité et de la cohésion de la nation pourtant recherchées par le chef de l’Etat lui-même dans sa dernière intervention lors de la fête du Ramadan »

Celui qui avait lancé une initiative en janvier 2024 pour soutenir les autorités de la transition, a estimé qu’il avait plaidé pour « une collaboration profonde et constructive entre les acteurs permettant de faire face aux défis de l’heure . La décision prise est à l’opposé de l’union des fils et filles du pays et n’augure pas de lendemains apaisés pour notre pays, notamment en perspective du dialogue inter malien et des autres échéances de la transition »

« Maliens du Mali, Maliens de la diaspora, Amis du Mali, par-delà nos différences idéologiques, politiques, ethniques, religieuses et même nos partis pris, levons-nous pour tirer la sonnette d’alerte afin de barrer la route à l’autoritarisme de la junte militaire (en place depuis plus de 44 mois à la tête de l’Etat) et mettre un terme à cette dictature rampante », a vivement réagi dans un tweet sur le réseau social X (anciennement Tweeter), l’ancien garde sceaux, Mamadou Ismaïla Konaté. Il a également profité pour annoncer le lancement de « #SOSMALI et #FreeMali pour réunir les idées, les opinions, les énergies et mettre en place une dynamique en faveur de la liberté pour le Mali et les Maliens et pour décréter la fin de cette transition dont les objectifs ultimes ne visent ni plus ni moins qu’à accaparer le pouvoir, illégalement et irrégulièrement, anéantir les droits et violer les libertés »

Des partis sursoient à leurs activités politiques jusqu’à nouvel ordre

Le Parti malien du travail et de la refondation – PMTR de l’ancien ministre du régime IBK, Baba Moulaye Haidara, a, en outre, informé tous ses militants de surseoir à « toutes les activités politiques du parti jusqu’à nouvel ordre », en soutien à cette décision gouvernementale. Le parti PMTR a d’ailleurs évoqué, dans son communiqué, son « soutien sans faille pour une transition réussie », tout en comptant sur l’esprit « patriotique » de ses militants face à cette décision.

« Suite au décret du gouvernement de la transition, le mouvement An biko suspend toutes ses activités jusqu’à la levée de cette suspension qui a pour but d’assurer l’ordre public » a réagi la présidente du mouvement politique An-Biko, Fatoumata Batouly Niang, dans note d’information. Avant d’inviter tous les membres du mouvement politique et « citoyen An biko de surseoir à toutes les activités jusqu’à nouvel ordre »

Mohamed Camara / ©️ Malikonews.com

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