Mali : la radio des Nations unies, Mikado FM ferme ses portes 

La radio des Nations unies au Mali, Mikado FM ferme ses portes. DR

Émettant sur 106.6 FM à Bamako, la radio des Nations Unies a officiellement fermé ses portes ce jeudi 30 novembre 2023. La décision est intervenue suite à la demande des autorités maliennes du retrait de la mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) sous le mandat duquel la radio opérait depuis huit (8) ans. Beaucoup d’auditeurs de la station regrettent cette décision tandis qu’elle est saluée par certains. 

Vitrine du paysage radiophonique au Mali pour les uns, radio de propagande pour les autres, la radio « de la paix » des Nations unies a cessé définitivement d’émettre après 8 ans. Elle a fermé ses stations à la demande des autorités maliennes. Une décision qui réduit considérablement le paysage médiatique malien après la suspension de la radio RFI et la chaîne France 24.

Cette fermeture a commencé avec les antennes régionales du nord du pays à savoir de Gao,  Kidal, Ménaka, Ber, Tessalit et Tombouctou et celle de Mopt,i au centre. La radio proposait à ses auditeurs des programmes riches et variés. Parmi les émissions phares de la radio qui ont rythmé la grille de Mikado FM, on peut citer entre autres : ‘’Le grand format de 17h’’, ‘’Vrai du faux’’ sur la désinformation et les fakes news ; ‘’Midikado’’, une émission d’interaction. Sans oublier le rendez-vous des experts de la santé avec ‘’Objectif santé’’ et le programme dédié aux acteurs de la culture ‘’destination culture’’.

Coup de cœur du personnel de la Radio Mikado

Quand une entreprise s’enrhume, c’est tout le personnel qui tousse. Cette décision a affecté une vingtaine de journalistes maliens et étrangers et une dizaine de techniciens. Pour le moment, aucune mesure d’accompagnement n’est prise pour leur réinsertion.

C’est un personnel qui se dit fier malgré le regret, « mission accomplie avec fierté, dévouement pour la cause du Mali », a commenté, Sékou Gambi, journaliste. Pour ‘’l’enfant Peulh’’, un autre journaliste, « c’est la fin d’une aventure humaine et professionnelle incroyable. C’est sans doute le média, le plus puissant. Je suis triste pour tous nos auditeurs qui ont été fidèles à la radio pendant toutes ces années. Dans la région de Mopti, certains parcouraient des kilomètres pour venir dans la zone de couverture et écouter leurs programmes favoris ».

« Le processus aura été douloureux pour les auditeurs de la radio Mikado mais aussi pour chaque staff », a commenté Mame Diarra Diop, rédactrice en chef. Celle qui animait ‘’le grand format’’ n’a pas caché ses sentiments de vives émotions. Au téléphone, on pouvait entendre l’émotion dans sa voix « que de péripéties, d’aventures de hauts et de bas, de joie et de défis dans cette radio de la paix ». Elle conclut en ces termes, « j’ai été heureuse de contribuer à l’édification de la paix au Mali et c’est avec émotion que je referme cette belle page radiophonique ».

« C’est un sentiment mitigé qui traverse mon être », s’indigne Sorry Ibrahim Maiga, journaliste et animateur de débats.

Coups des auditeurs et confrères

La fermeture de la radio des nations unies n’a laissé personne indifférent. Le sujet fait réagir et les avis sont partagés. Sur son compte Facebook, la radio Djoliba FM a posté, « les équipes nationales et internationales de la radio des Nations Unies peuvent être fières du travail accompli. Elles ont été professionnelles jusqu’au bout. Vous avez placé la barre très haut et avez poussé les radios nationales à redoubler d’efforts ».

Pour certains auditeurs, « elle aura été l’une des plus belles stations ». « Grand format de 17h va me manquer », a réagi un auditeur.

Un avis qui n’est pas partagé par d’autres. Un internaute a fustigé une publication d’adieu de la radio.  « Le 30 Novembre, la radio des mille collines au Mali aux services du néocolonialisme occidental fermera officiellement ses portes. Adieu, média de mensonge », a-t-il commenté le passage.

Ainsi la radio des Nations Unies s’éteint définitivement après près de 8 ans de service au public. Effet immédiat, plus de 20 journalistes et 10 techniciens se retrouvent au chômage sans espoir immédiat de rebondissement. Un nouveau défi pour les autorités en charge de trouver une solution à la situation de l’ensemble des anciens travailleurs de la Minusma.

A. M. Tembely

Auteur/Autrice

Également :

Autres articles