Mali: “il n’y aura pas d’élection tant que le pays ne sera pas complètement stabilisé”, selon Choguel Kokala Maiga

Le premier ministre, Choguel K. Maïga. Crédit photo : Primature du Mali

Le chef du gouvernement de la transition, Choguel Kokala Maïga a affirmé lors de ses entretiens avec la classe politique, que le retour à l’ordre constitutionnel n’est pas pour maintenant. Il a même estimé que “l’élection ne peut pas être une fin en soi” et que tant que le pays n’est pas complètement sécurisé, il n’y aura “pas d’élection”. Alors que le chef de la diplomatie, Abdoulaye Diop a donné des assurances au corps diplomatique, concernant les efforts en cours pour le retour à l’ordre constitutionnel, qui est “l’une des priorités de la transition”, lors d’une rencontre du comité de pilotage du dialogue avec les ambassadeurs accrédités au pays, ce 12 avril.  

«Il y a n’en qui pense que les élections, c’est une fin en soi. Haïti est le premier pays indépendant d’Amérique Latine. C’est le pays où il y a eu plus d’élections que dans tous ses pays. Mais il n’est pas stable. L’élection en elle seule ne règle pas les problèmes d’un pays. Ramener tout à une élection, c’est se tromper. C’est d’ailleurs ce que les occidentaux veulent. C’est d’ailleurs pourquoi, nous, nous avons fait 30 ans d’élections mais ça nous a amené où ? Plus on fait des élections, plus on divise le Mali», avait déclaré, le chef du gouvernement de la transition, Choguel Kokala Maiga ce 02 avril, lors d’une rencontre avec la classe politique.

Le président du Mouvement patriotique pour le renouveau – MPR, dans cette sortie virulente concernant la tenue des élections au Mali, Choguel Maïga va jusqu’à faire des parallèles entre son pays et l’Ukraine ainsi que certains pays du monde plongés dans des crises politiques. 

Selon lui, ceux qui parlent des élections aujourd’hui, sont juste au service de l’extérieur, « sinon tous les dirigeants du monde tiennent compte de la situation intérieure de leurs pays avant de parler des élections ». Ce qu’il a notamment illustré par une situation politique ukrainienne, “en Ukraine, le pays devrait aller en élection depuis longtemps, mais au contexte de la situation interne de son pays, le président ukrainien, n’a pas fait des élections. Mais pour ça, les occidentaux n’ont rien dit” 

« Mais chez nous, les gens veulent toujours des déclarations venues de l’extérieur, il faut faire des élections, des élections, des élections… Mais on a fait que des élections, et j’ai expliqué aux gens que l’élection ne peut pas être une fin en soi. On en a fait depuis 1991 », a estimé le madré homme politique qui n’a jamais porté une charge élective, mais qui a pourtant participé à toutes les élections présidentielles de ces 30 dernières années.

Selon le président du comité stratégique du M5-RFP – présidence contestée par certains membres, « récemment en Haïti, pratiquement, ils sont encore dans une transition, on ne fait qu’assassiner les présidents, les premiers ministres, on reprend les élections à tout bout de champ. Parce qu’on croit que c’est les élections qui règlent. Les élections sont une partie de la démocratie or les élections ne règlent pas la démocratie. Chez nous, il y a des gens qui pensent que c’est les élections qui règlent tout, et ils nous disent, oui pour renouer avec la communauté internationale. Mais d’accord, nous allons renouer mais pas à n’importe quel prix. Nous voulons renouer mais que le Mali soit stabilisé et le risque de retour en arrière soit supprimé »

Des assurances au corps diplomatique

C’est dans ce contexte que les autorités de la transition avaient décidé de mettre un coup d’arrêt aux activités des partis politiques, ce 10 avril, par un décret adopté au conseil des ministres. Le porte-parole du gouvernement avait même précisé dans sa déclaration que cette mesure est prise pour des raisons d’ordre public et sécuritaire pour la bonne tenue du dialogue inter-malien.

Ainsi, lors de la rencontre entre le comité de pilotage du dialogue avec les diplomates accrédités dans le pays, le chef de la diplomatie a profité de l’occasion, pour donner des assurances aux ambassadeurs sur les objectifs de la mesure de suspension des activités des partis politiques, il a aussi parlé du retour à l’ordre constitutionnel. 

« Le retour à un ordre constitutionnel apaisé et sécurisé demeure l’une des priorités de la transition, comme cela a été indiqué dans le communiqué officiel du gouvernement. Ce retour n’est pas remis en cause, bien au contraire, il est déjà amorcé », a-t-il déclaré. Avant d’expliquer que ce retour est déjà amorcé à deux niveaux, il a d’abord évoqué l’adoption en juillet 2023 de la nouvelle constitution à travers un référendum, et le « réajustement du calendrier électoral » avec la seule tenue de l’élection présidentielle, comme il avait été annoncé par les autorités dans un communiqué datant le 25 septembre 2023.

Le diplomate malien a argué que « même ce changement de calendrier, aussi, ne peut qu’attester la bonne foi des autorités. Parce que nous aurions pu aller vers des élections régionales, locales, sénatoriales ensuite législatives, ce qui aurait rallongé nécessairement le calendrier ». Il a clairement indiqué qu’après la concertation des acteurs politiques et institutionnels, il avait été « convenu d’aller directement à l’élection présidentielle qui mettra fin au processus de transition, et créera la condition pour la tenue des autres échéances »     

Par ailleurs, le patron de la diplomatie malienne, a rappelé le contexte et les conditions qui ont causé ce report des élections, notamment les difficultés liées au recensement administratif à vocation d’état civil (RAVEC), les problèmes techniques et la série de lois qui doivent être adoptées suite à la nouvelle constitution. Il a notamment mentionné de la mise à jour des fichiers électorales, selon lui, il y’a eu des avancées dans ces différents processus. M. Diop a notamment partagé avec les  ambassadeurs, l’une des difficultés majeures que le gouvernement a rencontré concernant le processus électoral, qui est surtout « le changement de posture de certains mouvements armés, qui étaient les partenaires de l’Etat, dans le cadre non seulement du processus de sécurisation mais même dans le processus de retour à l’ordre constitutionnel ». Avant de finir par les rassurer de la disponibilité du gouvernement pour leur fournir « les informations de première main » sur le retour à l’ordre légal et légitime.

Mohamed Camara / ©️ Malikonews.com 

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