La nouvelle Constitution, proposée par la junte, renforce les pouvoirs du président, mais se heurte à la contestation d’une opposition hétéroclite.
Au Mali, c’est un premier scrutin depuis l’arrivée de la junte au pouvoir en 2020 qui a valeur de test. La population a voté dimanche par référendum sur un projet de nouvelle Constitution. La menace djihadiste et les désaccords politiques ont toutefois empêché la tenue du scrutin dans de nombreuses localités.
La victoire du « oui » paraît acquise. Mais dans un environnement rendu difficilement déchiffrable par l’opacité du système et les restrictions imposées à l’expression, l’ampleur de cette victoire, la participation et les conditions de déroulement du scrutin pourraient livrer des indications sur le soutien de la population à la junte et à son chef, le réputé populaire colonel Goïta.
Les résultats attendus dans les 72 heures
Environ 8,4 millions de Maliens étaient appelés à dire « oui » ou « non » au texte que leur soumettait la junte. Il renforce les pouvoirs du président, mais se heurte à la contestation d’une opposition hétéroclite, notamment d’influentes organisations religieuses hostiles au maintien du principe de laïcité de l’Etat. Les résultats sont attendus dans les 72 heures.
Les électeurs se sont rendus en nombre dans les bureaux de vote de Bamako, avant la fermeture à 18 heures. Le colonel Assimi Goïta a été parmi les premiers à voter à Kati, près de la capitale. Mais les remontées du reste de ce vaste pays indiquent que, comme prévu, les groupes armés du nord ont fait barrage à la consultation dans la ville stratégique de Kidal et sa région. Les anciens mouvements rebelles signataires d’une paix fragile avec Bamako ont refusé d’y permettre l’acheminement du matériel électoral pour une consultation sur un projet où ils disent ne pas retrouver l’accord qu’ils ont signé en 2015.
Dans la région de Ménaka (nord-est), qui subit depuis des mois la poussée de l’organisation Etat islamique, les opérations se sont limitées à la capitale régionale en raison de l’insécurité, ont rapporté des élus.
Des observateurs évoquent une « attaque terroriste » dans un bureau de vote
Un consortium d’observateurs nationaux de la société civile, la MODELE, soutenu par l’Union européenne, a pour sa part rapporté « le non-fonctionnement pour cause d’insécurité » de plus de 80 bureaux de vote dans la région de Mopti, dans le centre, l’un des foyers de la violence qui ensanglante le Mali depuis 2012. Il a fait état du transfert de plusieurs autres bureaux vers la ville de Bankass « pour raison d’insécurité ». Le consortium a aussi évoqué, sans plus de précision, une « attaque terroriste » qui a perturbé le vote à Bodio, toujours dans le centre.
Parmi les changements par rapport à la Constitution de 1992, l’acceptation ou non d’un renforcement des pouvoirs présidentiels est l’un des enjeux de la consultation. Les détracteurs du projet le décrivent comme taillé sur mesure pour un maintien des militaires au pouvoir au-delà de la présidentielle prévue en février 2024, malgré leur engagement initial à rétrocéder la place aux civils après les élections.
En savoir plus sur https://www.20minutes.fr/monde/4041842-20230619-mali-nord-centre-insecurite-entrave-vote-constitution