Mali : Bilan de la transition : regard sur les enjeux  et les répercussions

© Présidence de la république

Dans un Mali en pleine refondation, les mesures politiques, économiques, et sociales ont été des sources de controverses et de débats enflammés.
La récente suspension de toute activité des partis politiques a suscité de vives protestations quant à son caractère démocratique, sa pertinence et son impact sur l’avenir politique du pays. Certains n’ont pas hésité à affirmer que les militaires veulent s’éterniser au pouvoir.

Lorsque l’on parle de transition, il peut s’agir de divers domaines tels que la gouvernance, l’économie, ou même les structures sociales. En Afrique la transition succède à la déposition d’un régime légitime par un pouvoir militaire. C’est exactement ce qui s’est passé dans notre pays en 2020 avant qu’une rectification de cette transition ne se passe en 2022.

Refondation : Adulée de l’intérieur et critiquée de l’extérieur

Les efforts depuis cette date, pour sécuriser et rendre au pays sa souveraineté et sa dignité ont été  salués par des millions de Maliens, mais restes critiqués par certaines puissances internationales pour leur soudaineté et leur indépendance.

Les critiques les plus acerbes vis-à-vis de cette transition concernent  la coopération militaire avec la Russie. La montée en puissance rapide des FAMa qui a permis de chasser la Minusma et  Barkhane, a même été attribuée à leur inféodation à une milice russe dénommée Wagner.

Cependant les avancées militaires sur le terrain se heurtent à des réalités où les mouvements séparatistes n’hésitent plus à faire front commun avec les groupes djihadistes pour multiplier les fronts.

Attentes du peuple : nombreuses et variées

Pourtant le peuple malien attend des résultats concrets et rapides dans tous les domaines, ce qui exerce une pression supplémentaire sur les dirigeants de la Transition.

En outre, la mise en œuvre de nouvelles initiatives démocratiques dans le contexte actuel se sont révélées difficiles voire insuffisamment inclusive.

Des accusations de volonté d’accaparement du pouvoir, de corruption, de népotisme et d’incompétence commencent à entacher le bilan élogieux  de la transition, suscitant la méfiance et la déception de milliers de Maliens.

Les doutes sur l’efficacité des autorités de la transition commencent à apparaître. Ces doutes sont exacerbés par des scandales ponctuels, freinant ainsi l’élan d’adhésion populaire nécessaire pour une transition réussie.

L’optimisme des populations est visible

Malgré ces controverses, certains aspects de la transition malienne montrent des signes positifs. Par exemple, des efforts significatifs ont été réalisés pour faire baisser le niveau de vie de l’Etat. À la place des véhicules de luxe, on a opté pour des Toyota Hilux double cabine. Aux voyages autrefois exagérés des membres du gouvernement ont fait place des missions scrutées et réglementées.

Des initiatives pour la paix et la cohésion sont organisées, permettant une participation plus inclusive des Maliens aux décisions politiques.

En revanche, la promesse de réforme économique annoncée après la libération de Kidal tarde à se mettre en place. Pourtant les défis sont gigantesques dans ce domaine.

Il est évident que les mesures d’austérité imposées par les autorités de la transition pour stabiliser l’économie fragilisent un secteur privé, dépendant du trésor public, le rendant encore plus vulnérable. Cette situation alimente de nos jours des controverses et rend la situation globale du pays encore plus complexe.

La transition en cours au Mali est certes controversée, mais elle reste la voie louable de transformation du Mali.

Intransigeance des Autorités de la Transition

Comme pour toute transition, la route sera pavée de difficultés, de méandres et de résistances. Cependant, il est primordial de ne pas perdre de vue les objectifs à long terme et de persévérer dans la quête de stabilisation du pays et de développement durable. Dans cette optique, les autorités de la transition ne montrent aucun signe d’hésitation ni de faiblesse.

Les autorités de la transition doivent en revanche encourager plus de communication donc plus de transparence, renforcer l’inclusion sociale et économique, et rester ouvertes aux critiques constructives. En cultivant une culture de dialogue et de coopération avec une nouvelle classe de Maliens vertueux, il est possible de naviguer à travers ces périodes troubles avec succès.

Le bilan de la transition au Mali, certes controversée, est un tableau complexe de réussites retentissantes et d’échecs partiels. Si les difficultés existent et les critiques sont légitimes, cela doit servir plutôt de leçon et de moteur pour des ajustements essentiels mais pas de raison pour remettre tout en cause.

Seule une approche responsable, persévérante, inclusive et transparente pourra permettre aux autorités de la transition de créer les conditions d’un changement inéluctable pour la prospérité du Mali

Amadou Diouf
Ontario – Canada

Auteur/Autrice

Également :

Autres articles