Mali : Barrick Gold retire son complexe aurifère malien de ses prévisions de production pour 2025, selon des sources

Mali : Barrick Gold s'oppose au placement de ses mines
Mali : Barrick Gold retire son complexe aurifère malien de ses prévisions de production pour 2025, selon des sources. © Barrick Gold

Barrick Gold a retiré son complexe aurifère malien de ses prévisions de production globale pour 2025, ont indiqué quatre sources à Reuters, aggravant ainsi les conséquences d’un conflit qui dure depuis deux ans concernant une nouvelle législation minière visant à accroître les revenus du pays d’Afrique de l’Ouest.

Activités suspendues

Les activités du complexe aurifère de Loulo-Gounkoto, l’un des plus importants actifs aurifères du groupe minier canadien en Afrique, sont suspendues depuis janvier après que le gouvernement malien a bloqué les exportations d’or du troisième plus grand producteur mondial de ce métal précieux, arrêté des responsables de la société et saisi trois tonnes d’or lors de négociations distinctes concernant un nouveau contrat minier avec Barrick.

Revenus d’au moins un milliard de dollars

L’enjeu pour les deux parties est la possibilité de réaliser des revenus d’au moins un milliard de dollars cette année grâce aux prix records de l’or. Le Mali risque de rebuter les investisseurs potentiels, tandis que les actions de Barrick sont à la traîne par rapport à leurs concurrents. Les sources ont requis l’anonymat, n’étant pas autorisées à s’exprimer publiquement. Les porte-parole de Barrick, tout comme celui du ministère malien des Mines, n’ont pas immédiatement répondu à une demande de commentaire.

250 000 onces d’or en 2025

Barrick n’a pas rendu publiques ses prévisions de production pour le Mali, mais les analystes de Morningstar (une agence canadienne d’évaluation de la performance des fonds d’investissement) prévoyaient que le Mali contribuerait à hauteur d’environ 250 000 onces en 2025. Le gouvernement malien, actionnaire du complexe, a demandé en mai à un tribunal national de nommer un administrateur provisoire pour rouvrir le complexe, ce qui entraînerait de facto la perte du contrôle de Barrick sur les mines, qui représentaient 14 % de sa production totale, selon la banque d’investissement Jefferies.

Des négociations sont en cours parallèlement à l’affaire judiciaire

Une audience sur cette question est prévue jeudi 12 juin. Des négociations sont en cours parallèlement à l’affaire judiciaire. Dans le cadre d’une concession importante, le Mali a accepté de permettre à Barrick de rapatrier 20 % de ses bénéfices sur un compte bancaire international, une exception qui n’a pas été accordée aux autres sociétés minières étrangères ayant récemment renégocié des contrats avec l’État, ont indiqué deux sources proches du dossier.

Cependant, un point de désaccord persiste entre Barrick et le Mali : les autorités souhaitent que tous les futurs litiges soient traités par les tribunaux nationaux. Barrick a déclaré que tout nouveau contrat minier devrait être couvert par un traité international et, en cas de litige futur, être réglé par arbitrage international, selon l’une des sources et une autre source proche du dossier.

Procédure d’arbitrage international contre le Mali

Si la vigueur des cours de l’or a soutenu les revenus mondiaux de Barrick, la menace d’une administration provisoire inquiète les investisseurs, a indiqué l’une des sources, soulignant que même si la société minière reprenait ultérieurement le contrôle du complexe, elle pourrait se retrouver avec des réserves d’or épuisées. En décembre, Barrick a lancé une procédure d’arbitrage international contre le Mali. En mai, elle a demandé au tribunal arbitral de la Banque mondiale de suspendre la procédure judiciaire à Bamako concernant l’administration provisoire. Selon deux personnes au courant de l’affaire, le tribunal a rejeté cette demande. Le président du tribunal arbitral chargé de l’affaire a refusé de commenter.

Barrick perdrait 11 % de son bénéfice en 2025

Au cours des neuf premiers mois de 2024, la production au Mali a contribué à hauteur de 949 millions de dollars au chiffre d’affaires de Barrick. La banque Jefferies, dans un rapport d’analyste publié en décembre dernier, estimait que si le complexe malien restait inactif, Barrick perdrait 11 % de son bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissements prévu pour 2025.

Le Mali est le troisième pays producteur d’or d’Afrique. Les autorités maliennes jugent leur accord actuel avec Barrick injuste. L’État a négocié de nouveaux accords avec d’autres multinationales minières. Le directeur général de la société minière australienne Resolute a été détenu pendant plus d’une semaine dans le cadre de négociations l’année dernière.

Avec Reuters

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