Mali : 33 ans après les évènements de mars 1991, la démocratie en danger ?

Monument des martyrs pour commémorer les évènements du 26 mars 1991. DR

Le Mali célèbre ce mardi 26 mars 2024, le 33ème anniversaire de l’avènement de la démocratie dans le pays. A l’heure du bilan, le sujet fait débat. D’aucuns pensent que la démocratie est en danger. Ce 33ème anniversaire intervient dans un contexte toujours marqué par les coups d’Etats, la menace de la liberté d’expression et d’association avec la dissolution de plusieurs associations et mouvements dont l’association des élèves et étudiants du Mali (AEEM), une des associations du Mouvement démocratique, fer de lance de la lutte contre le régime du général Moussa Traoré.

Il y a 33 ans, des centaines de personnes ont péri pour l’avènement de la démocratie face au régime du général ‘’dictateur’’ Moussa Traoré. Aujourd’hui, des voix se lèvent pour ‘’préserver’’ les acquis de cette démocratie qui ‘’souffrent’’. Beaucoup d’eau a coulé sous le pont après les évènements de mars 1991. Des efforts ont été consentis pour l’instauration de la démocratie : du parti unique, nous sommes à plus de 200 partis politiques ; d’une poignée de presse à la multiplication du débat public; au lieu d’un régime de 23 années de règnes, la démocratie a suscité la limite des mandats et le choix des dirigeants à travers le chiffrage électoral universel; la liste n’est pas exhaustive.

33 ans après, force de reconnaître que cette démocratie est entachée de tâche noire. Deux régimes démocratiquement élus ont été renversés par des coups d’État. En mars 2012, à quelques mois de la fin de son 2ème et dernier mandat, Amadou Toumani a connu un putsch. 8 ans après, son successeur, Ibrahim Boubacar Keita a été contraint à la démission par un groupe de militaire sous la bannière du conseil national pour le salut du peuple (CNSP). Des évènements qui portent des nouveaux coups dans le cœur de la jeune démocratie malienne.

Depuis août 2020, les militaires qui ont fait le coup d’État dirige toujours le pays ‘’d’une main de fer’’. Des analystes politiques indiquent que la démocratie est ‘’mitigée’’. Certains acteurs politiques vivent aujourd’hui en exil dont Dr. Oumar Mariko, président du parti SADI, une figure de proue du mouvement démocratique. D’autres sont relégués au second plan. Il y a parmi eux qui pensent ‘’à la réécriture du l’histoire de la démocratie malienne’’, ou que ‘’certains dirigeants ont toujours soif du régime de Moussa Traoré’’.

Liberté d’expression et d’association menacée 

Avec cette transition, ils sont nombreux, les Maliens qui pensent que la liberté d’expression est menacée. Ils dénoncent l’arrestation et la détention de certaines personnes pour ‘’avoir donné leur avis’’. Parmi ces gens, on peut citer, la militante contre la vie chère, ‘’ Tata Rose’, pour avoir ‘’dénoncé’’ la flambée des prix, les prêcheurs Chouala Bayaya Haidara et Bandjougou Traoré (libérés depuis). A cette liste d’arrestations, s’ajoute, le cas du chroniqueur Ras bath et l’activiste et membre du CNT, Adama Diarra dit Ben le cerveau.

Autre entorse à la démocratie est la série de dissolution des associations et organisations à caractère politique et syndical dont le dernier en date est l’association des élèves et étudiants du Mali, (AEEM), principal mouvement estudiantin ayant contribué à la lutte pour l’avènement de la démocratie. Mais avant, la coordination des mouvements, associations et sympathisants et l’Imam Mahmoud Dicko (CMAS) a été également dissoute. Un mouvement qui a joué un rôle de premier plan dans la lutte acharnée contre le régime d’IBK dont la lutte a été ‘’parachevée’’ par ceux qui lui ont coupé la tête. Le mouvement Kaoural renouveau, l’ONG l’Observatoire, sont entre autres associations dissous.

Le parti politique, le PSDA, dont le président est en exil, a impuissamment assisté à sa dissolution par les autorités de la transition. On note également assignation en justice aux fins de dissolution du parti politique, Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance (SADI) du docteur Oumar Mariko également en exil. C’est la première fois dans l’histoire du Mali qu’une formation politique d’envergure se trouve dans cette situation.

33 ans après les évènements de mars 1991, il faut noter que le Mali a connu le vent de la démocratie mais avec la dégradation de la situation sécuritaire, les prises de pouvoir par les autorités militaires qui entendent instaurer une nouvelle dynamique, la démocratie, telle qu’on l’a connue est en recul au Mali. mais l’espoir de revoir un Mali de paix fait vivre le peuple.

Adama Tembely / ©️ Malikonews.com

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