Macron : un départ qui pourrait régénérer la nation française

Macron : un départ qui pourrait régénérer la nation française. © DR

À son élection en 2017, Emmanuel Macron incarnait un espoir renouvelé pour la France. Jeune, ambitieux, et porteur d’un discours de modernisation, il promettait de rompre avec les vieilles habitudes politiques, de réformer un système à bout de souffle et de redonner à la France sa place sur la scène internationale. Beaucoup voyaient en lui le symbole d’un renouveau, un « président jupitérien » capable de surmonter les clivages partisans et de fédérer autour d’un projet de société ambitieux.

Mais avec le recul, ce souffle initial s’est étiolé. Les années passant, les promesses non tenues et les controverses répétées ont peu à peu assombri cette vision optimiste. Aujourd’hui, alors que la perspective de la fin de son mandat se rapproche, nombreux sont ceux qui considèrent son départ comme une opportunité régénératrice pour la République française.

L’érosion de son autorité s’est manifestée très tôt. Dès les premières réformes, sa gouvernance a été perçue comme verticale, distante, parfois méprisante. L’affaire Benalla, la crise des Gilets Jaunes, ou encore les soupçons de favoritisme envers les élites économiques ont largement contribué à entamer la confiance populaire.

Son positionnement politique, souvent qualifié de « ni droite ni gauche », s’est vite transformé en objet de confusion. La droite le juge trop laxiste, la gauche trop autoritaire, et nombreux sont ceux qui le perçoivent comme un homme politique insaisissable, voire opportuniste. Cette ambivalence alimente l’idée d’un président qui divise plus qu’il ne rassemble, incapable de susciter une véritable adhésion populaire. Comme le notait récemment l’analyste politique Jérôme Sainte-Marie : « Macron a voulu transcender les clivages. Il les a en réalité déplacés et intensifiés. »

Sur le plan économique, s’il a tenté des réformes audacieuses (réforme du code du travail, de la SNCF, des retraites), celles-ci ont souvent été vécues comme brutales et injustes. Les inégalités n’ont pas diminué ; elles se sont même accrues. Selon l’économiste Thomas Piketty, « les mesures fiscales du quinquennat ont globalement favorisé les plus riches, sans effet clair sur la croissance ou l’emploi. »

La crise du Covid-19 a été un révélateur supplémentaire des failles de sa gouvernance. Entre discours martiaux et revirements, gestion centralisée et pénurie de matériel, la pandémie a laissé une population fatiguée, méfiante, voire hostile à l’autorité publique. Les mesures post-Covid censées relancer l’économie et alléger la pression fiscale n’ont pas produit les résultats escomptés, accentuant le désenchantement de ses anciens soutiens.

À l’international, le recul est également manifeste. En Afrique, la France a perdu de son influence historique, remplacée par d’autres puissances comme la Russie ou la Chine. La rupture avec le Mali, le Burkina Faso ou encore le Niger marque un tournant ; un rejet symbolique et stratégique de la présence française sur le continent. En Ukraine, malgré ses efforts de médiation, Macron n’a guère pesé sur le cours du conflit. Ses appels au dialogue avec Vladimir Poutine sont restés sans effet, renforçant l’idée d’une diplomatie française affaiblie. Donald Trump, dans un de ses commentaires lapidaires, l’a même qualifié de « lightweight », un poids plume politique. Une attaque qui, bien que brutale, reflète un sentiment partagé dans certaines sphères internationales.

Ce déclin de la présidence Macron pourrait avoir des effets de contagion. À l’image de plusieurs pays africains confrontés à des désillusions politiques, la France risque à son tour une forme de rejet profond de la classe politique, un désengagement démocratique dont les signes sont déjà perceptibles à travers l’abstention record, le vote protestataire et la montée des extrêmes.

Face à cette situation, une sortie anticipée ou une mise en retrait pourrait ouvrir une nouvelle phase salutaire. En cédant la place à de nouveaux visages, capables de tirer les leçons du macronisme et de réconcilier la nation française, Emmanuel Macron pourrait redonner un sens au mot « responsabilité politique ». Car un changement de direction n’est pas une défaite, mais bien un acte de sagesse. L’heure est peut-être venue pour la France d’embrasser un nouveau départ, une renaissance politique qui dépasse les egos et les dogmes pour se recentrer sur l’essentiel : le bien commun, la justice sociale et la cohésion nationale.

Manda CISSE

 

 

 

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