Les dérives religieuses : Quand la politique s’habille de foi 

L'Imam Mahmoud Dicko. © DR

Dans le contexte politique actuel du Mali, il est essentiel de s’interroger sur le rôle de certaines figures religieuses qui, sous couvert de défendre la foi, détournent la religion à des fins politiques et personnelles. C’est notamment le cas avec la Coalition des forces pour la République (CFR), dirigée par l’imam Mahmoud Dicko. Derrière cette organisation se cache un véritable enjeu de pouvoir, et la religion n’est qu’un instrument parmi d’autres pour parvenir à ses fins. Ce n’est pas une affaire de foi, mais une affaire de stratégie politique.

Il ne faut pas juger les gens selon leur statut, mais bien en fonction de leurs paroles et de leurs actes. L’utilisation de la religion comme outil de manipulation n’est pas nouvelle. Depuis toujours, les ambitions politiques se sont souvent dissimulées derrière des discours religieux. Des figures historiques ont manipulé la croyance des masses pour asseoir leur pouvoir, et Mahmoud Dicko semble suivre cette même logique : utiliser la foi comme un levier pour gagner de l’influence, au détriment des principes spirituels qu’il est censé défendre.

La religion, au lieu d’être un guide moral et spirituel, devient alors un outil de manipulation politique. Ce n’est pas un simple message de foi, mais un moyen de contrôler les masses et de servir des intérêts personnels. L’imam Dicko n’est pas seul dans cette démarche. De nombreux autres leaders religieux se cachent derrière des discours édifiants tout en poursuivant des objectifs politiques qui n’ont rien à voir avec la religion.

Le Mali, comme beaucoup de pays d’Afrique, souffre d’une crise profonde. Ce n’est pas seulement la corruption des élites politiques qui est en cause, mais aussi la façon dont certaines figures religieuses jouent un rôle dans l’instabilité du pays. Les Maliens, et en particulier les jeunes, sont souvent manipulés par des discours religieux auxquels ils se raccrochent pour trouver des réponses à leurs difficultés. Mais la véritable solution réside dans l’éducation. Sans une éducation de qualité, les générations futures continueront à suivre des leaders religieux et politiques sans comprendre les véritables enjeux de leurs actions.

L’éducation est la clé pour un changement durable. Le peuple malien doit prendre conscience que c’est par la connaissance, l’esprit critique et la réflexion que l’on peut construire un avenir meilleur. Les jeunes doivent être formés à analyser, critiquer et comprendre les discours religieux et politiques qu’ils reçoivent. Cela passe par une instruction solide, encadrée par des structures éducatives dignes de ce nom, et contrôlées par l’État pour éviter les dérives.

Mais l’éducation seule ne suffira pas. L’État a aussi une responsabilité. Pendant trop d’années, il a laissé l’anarchie s’installer, permettant à des personnages comme Mahmoud Dicko de se construire des empires d’influence au nom de la religion. Cet État défaillant a nourri la médiocrité, permettant à certains de prospérer dans l’impunité. Le Mali d’aujourd’hui commence à se redresser, mais le travail est encore immense.

Les efforts réalisés ces dernières années pour restaurer la justice et garantir une plus grande sécurité sont à saluer, mais il reste encore beaucoup à faire. Les Maliens patriotes et dignes soutiennent la transition, conscients que la souveraineté du pays ne peut être défendue que par une justice équitable et une gouvernance transparente.

Il est temps de se lever contre ceux qui veulent manipuler la religion pour atteindre des objectifs politiques personnels. La création de la Coalition des forces pour la République (CFR), menée par l’imam Mahmoud Dicko, en est un exemple frappant. Ce groupe, qui se présente comme une force politique pour le bien du pays, semble avant tout servir les ambitions personnelles de ses dirigeants, tout en se drapant dans l’autorité religieuse. Derrière ce masque, il est important de se poser la question suivante : quel est le véritable objectif de cette coalition ? Protéger le Mali et ses citoyens, ou renforcer un pouvoir personnel et stratégique ?

La religion doit rester un guide spirituel et moral, et non un outil pour obtenir des avantages politiques. Le Mali mérite mieux. Il est temps de prendre en main notre avenir, de mettre fin à l’instrumentalisation de la foi pour des fins politiques, et de construire une nation fondée sur des valeurs solides de justice, d’éthique et de respect mutuel.

Manda CISSE

Auteur/Autrice

Également :

Autres articles