Le ministre tchadien des Affaires étrangères a déploré lundi « l’attitude méprisante » du président Macron qui a estimé que les dirigeants africains avaient « oublié de dire merci » à la France pour son intervention dans la lutte contre le terrorisme au Sahel.
Le chef de la diplomatie tchadienne a rappelé « qu’il n’a aucun problème avec la France » mais que « les dirigeants français doivent apprendre à respecter le peuple africain ».
Abderaman Koulamallah a souligné le « rôle déterminant » de l’Afrique et du Tchad dans la libération de la France lors des deux guerres mondiales » que « la France n’a jamais véritablement reconnu » ainsi que « les sacrifices consentis par les soldats africains ».
« En 60 ans de présence (…) la contribution française a souvent été limitée à des intérêts stratégiques propres, sans véritable impact durable pour le développement du peuple tchadien » a t-il poursuivi.
Fin novembre le Tchad, qui constituait jusqu’ici le dernier point d’ancrage de Paris au Sahel, a mis fin aux accords de défense et de sécurité qui le liaient avec l’ancienne puissance coloniale.
Environ un millier de soldats et personnels militaires français y étaient stationnés -dont une majorité sur le camp Kossei dans la capitale tchadienne N’Djamena – avant le début des opérations de retrait initiées début décembre et qui, selon le souhait des autorités tchadiennes, doivent se conclure le 31 janvier.
« Le peuple tchadien aspire à une souveraineté pleine et entière, à une véritable indépendance, et à la construction d’un État fort et autonome » a revendiqué M. Koulamallah.
« Nous invitons nos partenaires, y compris la France, à intégrer cette aspiration légitime dans leur approche des relations avec l’Afrique », a-t-il conclu.
Selon le président Mahamat Idriss Déby Itno, au pouvoir depuis 2021, ces accords étaient « complétement obsolètes », face « aux réalités politiques et géostratégiques de notre temps ».
La France a décidé de reconfigurer sa présence militaire en Afrique, après avoir été chassée de trois pays sahéliens gouvernés par des juntes hostiles à Paris, le Mali, le Burkina Faso et le Niger.
Le mois dernier, à quelques heures d’intervalle, le Sénégal et le Tchad ont à leur tour annoncé le départ des militaires français de leur sol et officialisé une « réorganisation ». En janvier, la Côte d’Ivoire a également annoncé que la base militaire française de Port-Bouet près d’Abidjan serait rétrocédée au pays.
Avec AFP