Le Tchad dénonce une « attitude méprisante » après les propos d’Emmanuel Macron

Le ministre tchadien des Affaires étrangères, Abderaman Koulamallah. © Facebook Abderaman Koulamallah

Le ministre tchadien des Affaires étrangères a déploré lundi « l’attitude méprisante » du président Macron qui a estimé que les dirigeants africains avaient « oublié de dire merci » à la France pour son intervention dans la lutte contre le terrorisme au Sahel.

« Le Gouvernement de la République du Tchad exprime sa vive préoccupation suite aux propos tenus récemment par le Président de la République française, Emmanuel Macron, qui reflètent une attitude méprisante à l’égard de l’Afrique et des Africains » a déclaré Abderaman Koulamallah dans un communiqué lu à la télévision d’Etat.

Le chef de la diplomatie tchadienne a rappelé « qu’il n’a aucun problème avec la France » mais que « les dirigeants français doivent apprendre à respecter le peuple africain ».

Abderaman Koulamallah a souligné le « rôle déterminant » de l’Afrique et du Tchad dans la libération de la France lors des deux guerres mondiales » que « la France n’a jamais véritablement reconnu » ainsi que « les sacrifices consentis par les soldats africains ».

« En 60 ans de présence (…) la contribution française a souvent été limitée à des intérêts stratégiques propres, sans véritable impact durable pour le développement du peuple tchadien » a t-il poursuivi.

Fin novembre le Tchad, qui constituait jusqu’ici le dernier point d’ancrage de Paris au Sahel, a mis fin aux accords de défense et de sécurité qui le liaient avec l’ancienne puissance coloniale.

Environ un millier de soldats et personnels militaires français y étaient stationnés -dont une majorité sur le camp Kossei dans la capitale tchadienne N’Djamena – avant le début des opérations de retrait initiées début décembre et qui, selon le souhait des autorités tchadiennes, doivent se conclure le 31 janvier.

« Le peuple tchadien aspire à une souveraineté pleine et entière, à une véritable indépendance, et à la construction d’un État fort et autonome » a revendiqué M. Koulamallah.

« Nous invitons nos partenaires, y compris la France, à intégrer cette aspiration légitime dans leur approche des relations avec l’Afrique », a-t-il conclu.

Selon le président Mahamat Idriss Déby Itno, au pouvoir depuis 2021, ces accords étaient « complétement obsolètes », face « aux réalités politiques et géostratégiques de notre temps ».

La France a décidé de reconfigurer sa présence militaire en Afrique, après avoir été chassée de trois pays sahéliens gouvernés par des juntes hostiles à Paris, le Mali, le Burkina Faso et le Niger.

Le mois dernier, à quelques heures d’intervalle, le Sénégal et le Tchad ont à leur tour annoncé le départ des militaires français de leur sol et officialisé une « réorganisation ». En janvier, la Côte d’Ivoire a également annoncé que la base militaire française de Port-Bouet près d’Abidjan serait rétrocédée au pays.

Avec AFP

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